Sur la suggestion du petit-fils de Marcel Pagnol, Sylvain Chomet raconte la vie de ce Marseillais de génie, auteur de la trilogie Marius, Fanny, César, de Jean de Florette et de Manon des sources, de La Femme du boulanger, et qui rédigea au crépuscule de sa vie alors qu’il pensait que l’inspiration l’avait quitté ses souvenirs : La Gloire de mon père, Le Château de ma mère, Le Temps des secrets et un quatrième tome qu’on omet souvent, Le Temps des amours.
On retrouve dans son film d’animation toute la chaleur et la truculence des oeuvres précédentes de Sylvain Chomet. Elles étaient muettes. Celle-ci est parlante. Mais pas sûr qu’on y gagne, l’accent méridional forcé des personnages frôlant souvent la caricature. On y perd surtout la fantaisie presque surréaliste qui faisait tout le piment des Triplettes de Belleville ou de L’Illusionniste.
Ce biopic trop sage raconte la vie de Marcel Pagnol de sa naissance en 1895 jusqu’à sa mort en 1974, comme le ferait une notice Wikipédia. Rien n’y manque de son attachement à la Provence qui nourrit toute son oeuvre, de l’énumération de la quasi-totalité de ses pièces et de ses films, depuis les plus connus jusqu’aux plus méconnus (Les Marchands de gloire, Jazz, Fabien…), des détails de sa vie privée (le décès prématuré de sa mère qui le laisse orphelin, la tutelle étouffante de son père, son exil à Paris, sa vie sentimentale très agitée, la mort de sa fille…)…
Ceux qui connaissent bien l’oeuvre de Pagnol – et c’est mon cas car, en bon méridional, j’ai été biberonné à ses livres en Presses Pocket durant mon enfance – auront le sentiment d’un survol trop superficiel. Je me demande ce qu’en retiendront ceux qui ne la connaissent pas. Quant au procédé, dont le titre se fait l’écho, consistant à ressusciter la figure tutélaire du jeune Marcel pour aider le vieux monsieur Pagnol à rédiger, à la demande d’Hélène Lazareff, ses souvenirs (qui seront la matière de sa célèbre tétralogie), il semble un peu capillotracté et échoue à susciter l’émotion.