Dans un futur proche – comme il est désormais de règle de dater les films dystopiques – Paris est divisé en trois zones quasiment hermétiques les unes aux autres, les plus nantis ayant seuls le droit de vivre dans les îles Saint-Louis et de la Cité et les plus pauvres se trouvant relégués au-delà du périphérique. Grâce aux progrès de l’Intelligence artificielle, la sécurité est assurée par un système panoptique dénommé ALMA, qui peut s’appuyer sur la reconnaissance faciale des individus, obligatoirement munis d’un bracelet géolocalisable, et sur une armée de drones.
Quand Kessel, l’inventeur d’ALMA, est froidement abattu, deux policiers, Zem (Gilles Lellouche) et Salia Malberg (Adèle Exarchopoulos) sont chargés de mener l’enquête.
Chien 51 n’est pas sans qualités. Il se déroule dans un Paris dystopique à la Blade Runner avec un mélange visuellement éblouissant de technologies futuristes, de luxe et de crasse. Son scénario testostéroné multiplie, de la première à la dernière minute, des courses-poursuites qui ne laissent pas le temps de s’ennuyer. Il est porté par une sacrée pléiade d’acteurs, à commencer par ses deux têtes d’affiche, très convaincantes, sans oublier sa kyrielle de seconds rôles : Louis Garrel, Valéria Bruni Tedeschi, Artus, Daphné Patakia… Avec toutefois une seule objection pour Romain Duris, caricatural et peu crédible dans le rôle du ministre de l’intérieur.
Mais hélas, Chien 51 a au moins autant de défauts. Le premier est de trahir le roman de Laurent Gaudé – qui se déroulait à Athènes et était autrement plus complexe que le blockbuster simpliste qu’en a tiré Cédric Jimenez. On a l’impression – et on peine à l’en blâmer – que le réalisateur de Bac Nord et de Novembre fait ce qu’il sait faire : du cinéma d’action. Grâce à lui – et à quelques autres – le genre n’est plus aujourd’hui un monopole hollywoodien. Mais on peut regretter qu’il applique au livre de Laurent Gaudé la même méthode que le restaurateur peu consciencieux au steak tartare : passer son matériau à la moulinette pour en tirer un produit certes comestible mais aseptisé.