
Au début des années 2000, la réalisatrice Dominique Fischbach était allée filmer pour Striptease la famille Altazin. Elle s’était intéressée à cette fratrie de trois enfants, dont deux d’entre eux, Manon et Maxime, étaient sourds. Vingt-cinq ans plus tard, elle les retrouve pendant quelques jours dans leur chalet de vacances en Haute-Savoie. Entretemps un drame est intervenu.
Elle entend pas la moto est un documentaire sensible et émouvant sur la surdité et la (moins mauvaise) façon de la vivre dans une famille composée pour partie de sourds et pour partie d’entendants. Il documente les choix douloureux offerts aux parents et le parcours d’obstacles qu’ils doivent emprunter pour l’épanouissement de leurs enfants : pose d’un implant, apprentissage de la langue des signes, éducation en milieu spécialisé…
Mais Elle entend pas la moto ne se réduit pas à cette seule dimension pédagogique. Il évoque le drame qui a frappé la famille Altazin, la dépression dans laquelle a sombré le père et la façon dont tous ses membres, sept ans après, tentent d’y faire face. On comprend par son absence que la fille aînée Barbara, qui n’est pas devenue orthophoniste par hasard, n’y a pas réagi de la même façon que ses parents et que sa sœur. Celle ci est aujourd’hui kinésithérapeute. Elle est en couple, a eu un premier enfant et en attend un second. Son élocution n’est pas parfaite mais elle réussit fort bien à se faire comprendre et à mener une vie quasi normale.
On a certes parfois l’impression un peu gênante – qu’on avait déjà ressenti chez les Larauze dans le documentaire Promesse consacrée à la mémoire de leur fille fauchée à vingt-deux ans par une leucémie – de pénétrer sans invitation l’intimité d’un foyer. Mais la caméra toujours pudique de Dominique Fischbach évite le piège du voyeurisme.