Un beau matin, Pierre quitte Paul. Pourquoi ? pour quoi ? Il prend la route à bord de son Alfa Roméo avec pour seul guide une application Internet qui lui permet de faire des rencontres d’un soir. Utilisant la même application, son amant part à sa recherche.
Dès la première image du film, le doute est levé. Jours de France n’a rien à voir avec l’hebdomadaire féminin qu’on feuilletait chez le coiffeur – en un temps où j’allais encore chez le coiffeur. On voit un homme à la fine moustache freddymercurienne dormant nu sur le dos, le sexe turgescent à demi visible à travers le slip en coton blanc.
Jours de France est donc un film gay comme Vecchiali ou Ducastel & Martineau aiment en tourner (voir par exemple Théo & Hugo dans le même bateau). C’est aussi un film triste. C’est l’histoire d’une séparation et d’une errance. De cette séparation, de ses motifs, on ne saura rien. De cette errance, on décrira les moindres rebondissements. Avec le risque de dilater jusqu’à l’excès un récit qui se construit au fil des rencontres : un adolescent homosexuel qui rêve de monter à Paris, une ancienne professeur de lettres qui s’est encroûtée en province, un VRP qui aime les « belles italiennes », une muse cachée dans les montagnes.
La durée inhabituelle de Jours de France (deux heures vingt-et-une) lui offre une belle idée de scénario malheureusement laissée en jachère. Ces personnages secondaires ne se contentent pas d’une brève saynète. Tandis que Pierre continue son errance à travers la France, on les suit dans leurs vies parallèles. On se demande si ces ré-apparitions fugaces feront sens. Il n’en est rien. Dommage.
Dernier intérêt du film s’il faut à tout prix lui en trouver : un voyage dans la « France périphérique », la France du Centre, de la Limagne, des Hautes Alpes. Une France de l’entre-deux, une France qui n’est ni profonde ni centrale. La France où l’on ne vit ni bien ni mal. La France où l’on s’ennuie.