L’affiche l’annonce : Amalric filme Balibar interprétant Barbara. Chaque patronyme compte sept lettres. Sept lettres souvent identiques : des a, des r, des b.
On est loin du biopic en bonne et due forme qui raconterait l’ascension, la gloire et la mort d’une célébrité. Un biopic classique rythmé par quelques unes de ses plus belles chansons.
L’ambition de Mathieu Amalric est autrement plus grande. C’est un fan assumé qui filme, béat d’admiration, une actrice qu’il vénère – qui fut sa compagne et la mère de ses enfants – interprétant une chanteuse qu’il adule. Amalric n’hésite pas à jouer son propre rôle, donnant à son personnage le patronyme de sa mère et le prénom d’un de ses cousins.
Barbara est donc un film sur un film en train de se faire. Mise en abyme brechtienne qui séduit d’abord avant de lasser. Sans doute faut-il saluer cette intelligente tentative de sortir des sentiers battus du biopic platement chronologique. Le problème est que Barbara tourne en rond, additionne les saynètes et ne mène nulle part.
Jeanne Balibar est – évidemment – époustouflante. Sa ressemblance avec Barbara est stupéfiante : le physique anguleux, mais aussi les intonations et la gestuelle maniérée. Amalric en joue en mêlant des documents d’archive de la vraie Barbara à des scènes filmées avec Balibar. Mais, à y bien réfléchir, on peut s’interroger sur les limites de ce psittacisme. Pourquoi faire un film avec Balibar s’il s’agit de ressusciter la « vérité » de Barbara ? Pourquoi ne pas avoir réalisé un documentaire ?
L’autre défaut est de caricaturer Barbara en diva excentrique. Elle l’était d’ailleurs peut-être largement. Toujours est-il que sa diction outrée et ses états d’âme deviennent vite horripilants. Plus grave : à force d’insister sur l’a-normalité de Barbara, le film de Mathieu Amalric finit par la dé-réaliser. Et la femme Barbara, trop excessive, trop vouvoyante, trop fétichiste, trop stressée, trop tout, ne nous touche plus.
Restent son talent fou, sa voix ensorcelante et ses chansons merveilleuses. Un génie intemporel qui puise son inspiration dans les années 50 mais qui n’a pas pris une ride. On sort de la salle en fredonnant Nantes, Göttingen, L’Aigle noir ou Ma plus belle histoire d’amour et avec l’irrépressible envie de réécouter la discographie de cette immense chanteuse.
Je partage ton analyse…
Bon …
Mathieu Amalric est déconcertant le plus souvent ; son univers m’intéresse – notamment quand il parle de Simenon – Barbara me fascine …Ahhh,sa petite cantate et puis l’homme qui ,une rose à la main, peut ouvrir un chemin vers un autre demain …
Vais regarder ce film en espérant pouvoir en parler avec son auteur assez présent du côté de La Rochelle