En 2006 sortait Une vérité qui dérange (An Inconvenient Truth) qui remporta l’Oscar du meilleur documentaire et permit à Al Gore de décrocher l’année suivante le Prix Nobel de la paix. Dix ans plus tard, Une suite qui dérange (An Inconvenient Sequel) se présente comme sa suite assumée. Bizarrement sous-titré en français Le Temps de l’action (alors que le sous-titre original est Truth to Power), il y est moins question des moyens concrets d’agir pour la planète que de suivre Al Gore dans sa croisade sans cesse recommencée contre le réchauffement climatique.
Le héros a vieilli. Il a désormais des cheveux blancs. On le sent parfois sur le point de renoncer face aux climato-sceptiques qui le dénigrent, face aux catastrophes naturelles de plus en plus dévastatrices, face à Donald Trump et ses tweets imbéciles. Mais son constat est toujours aussi angoissant : la calotte glaciaire fond, le niveau des mers s’élève, le climat se dérègle, les ouragans sont de plus en plus violents, les canicules de plus en plus brûlantes, les feux de forêts de plus en plus meurtriers. Que faire ? C’est là où Al Gore est le moins convaincant qui se borne à plaider en faveur de la substitution du pétrole et du charbon par le solaire et l’éolien.
Pour donner une tension à leur documentaire, les deux réalisateurs ont pris pour fil narratif la préparation de la COP21 de Paris en décembre 2015. Ils s’attachent à un aspect de cette négociation complexe : les résistances de l’Inde, puissance émergente qui refuse de sacrifier son développement sur l’autel de la vertu écologique. Le ministre indien de l’énergie oppose à AL Gore un argument qui le laisse coi : « L’Occident s’est développé pendant 150 ans en utilisant des énergies fossiles. Pourquoi nous refuser aujourd’hui ce dont vous avez abusé hier ? » Les réticences indiennes sont vaincues grâce à l’intervention de Al Gore qui convainc les dirigeants de la Banque mondiale d’accorder à l’Inde des facilités de crédit pour se doter de capteurs solaires et renoncer à leurs projets de centrales au charbon.
Une suite qui dérange est sans doute une longue publicité en faveur des actions menées par Al Gore. C’est tout juste s’il ne se termine pas avec le numéro de CCP où lui verser des dons. Pour autant, il est des actions moins nobles, des causes moins vertueuses auxquelles on aurait trouvé à redire à ce procédé un poil trop racoleur.