Un an après la mort de Vincent Van Gogh, le facteur Joseph Roulin retrouve à Arles une lettre du peintre à son frère. Il charge son fils Armand d’aller à Paris la lui remettre en main propre. Le jeune homme se lance dans une enquête policière pour élucider les causes du décès de l’artiste.
La Passion Van Gogh (clin d’œil au film de Vincente Minnelli La vie passionnée de Vincent Van Gogh avec Kirk Douglas dans le rôle titre ?) vaut surtout par son procédé graphique. Chaque plan a été d’abord tourné en prise de vues réelles avec de vrais acteurs – on reconnaît Saoirse Ronan, la jeune héroïne de Brooklyn, ou Jerome Flynn, l’habile spadassin de Game of Thrones – puis peint à l’huile « à la façon » de Van Gogh. La technique est très réussie et nous immerge dans la peinture du peintre à l’oreille coupée. On pénètre dans la Maison jaune de Arles, dans la chambre à coucher du peintre, dans le café avec sa table de billard où il passait ses soirées. On arpente les rues d’Auvers-sur-Oise, entre sa célèbre église au chevet, l’auberge Ravoux où l’artiste louait une chambre misérable, les champs avoisinants. On prend une anisette avec le docteur Gachet et on écoute sa fille jouer au piano.
Malheureusement cette féérie de l’œil, même si on imagine sans peine la somme de travail qu’elle a demandé à une armada de peintres, ne suffit pas à nourrir un film. Il y aurait fallu un scénario autrement plus original que celui écrit par les deux co-réalisateurs. Le leur ressemble à une histoire du Club des cinq : une enquête policière menée par un jeune godelureau – auquel Pierre Niney prête sa voix – qui remet en cause la thèse du suicide pour privilégier celle de l’assassinat. Outre que cette thèse soit historiquement peu crédible, elle n’a au bout du compte qu’un médiocre intérêt. Ce qui nous intéresse chez Van Gogh, ce ne sont pas les causes, plus ou moins mystérieuses, de sa mort. Mais sa peinture. Or, il y a dans La Passion Van Gogh un hiatus insupportable entre la magie de sa peinture, saturée de couleurs et de mouvements, et la platitude bon enfant de l’histoire qu’elle illustre.