À Nantes en 1955, les amours tragiques d’un ouvrier gréviste avec la fille de sa logeuse.
Les Parapluies de Cherbourg est un de mes films préférés. Pas très surprenant de ma part qui tient La La Land comme le meilleur film de la décennie. Tout m’y est enchantement : ses dialogues entièrement chantés, ses décors aux couleurs pimpantes, la guerre d’Algérie en arrière-plan politique, la musique de Michel Legrand, la candeur de Catherine Deneuve…
Je n’avais jamais vu Une chambre en ville, sorti près de vingt ans plus tard, dont une critique élogieuse garantissait qu’il n’avait pas à pâlir de la comparaison avec le film de 1964. J’ai profité d’une rétrospective Jacques Demy à Écoles 21 – le nouveau nom du Desperado – pour combler cette lacune.
Bien mal m’en prit. J’ai tout détesté dans ce film ridicule. Les dialogues entièrement chantés manquent cruellement de naturel. Les décors aux couleurs pimpantes sont criards. Les luttes ouvrières en arrière-plan politique sont sans intérêt. La musique de Michel Colombier n’arrive pas à la cheville de celle de Michel Legrand. Le jeu maladroit de Richard Berry, petite gouape aussi peu crédible en gréviste que je le serais en champion du monde de beach volley, et celui de Dominique Sanda, nue sous son coûteux manteau de fourrure (sic), réussissent à faire oublier la performance de Danielle Darrieux, impeccable en vieille dame indigne.
Au point que, l’espace d’un instant, ma passion juvénile et romantique pour Les Parapluies de Cherbourg s’est trouvée mise en cause. L’adorerais-je encore si je le revoyais aujourd’hui ? Que dirais-je de ses dialogues entièrement chantés de ses décors aux couleurs pimpantes ? Ai-je détesté Une chambre en ville parce que c’est un mauvais film ? Ou parce que Les Parapluies de Cherbourg n’est pas si bon que je le pensais ?