Le fait divers est connu : Emma, l’appât du « gang des barbares » qui avait kidnappé et torturé à mort Ilan Halimi en 2006, a noué avec le directeur de la prison, où elle purgeait sa peine, une liaison sulfureuse. Ledit directeur, qui fut condamné à deux ans de prison, en fit un livre à décharge que Pierre Godeau porte à l’écran.
Racontée du point de vue du directeur, l’histoire ne le dépeint pas comme un benêt berné par une prisonnière manipulatrice (ce que les chroniqueurs de presse couvrant son procès tendaient à penser), mais comme un homme rangé cédant à un authentique coup de foudre. Le choix de Guillaume Gallienne pour interpréter ce rôle ne convainc pas. Non pas que l’acteur césarisé de Les Garçons et Guillaume, à table ! soit mauvais ; mais il lui manque la virilité qui aurait donné au couple qu’il forme avec Adèle Exarchopoulos sa crédibilité. Gallienne est trop comique pour ne pas rendre risibles ses élans amoureux.
La révélation de La Vie d’Adèle est au contraire un excellent choix. Non seulement diffuse-t-elle une sensualité incandescente – dont le petit cochon qui sommeille en moi gardera un souvenir brûlant – mais elle réussit à garder à son personnage sa part de mystère. Allumeuse manipulatrice ? Gamine paumée ? Amoureuse sincère ? Le film, qui pèche par sa mise en scène bien fade, ne tranche pas. Et c’est tant mieux.
Une mention pour Stéphanie Cléau qui interprète le rôle de l’épouse trompée avec une élégance racée qui force l’admiration. Une actrice à suivre.