Philippe Rebbot et Romane Bohringer se sont aimés et ne s’aiment plus. Les deux acteurs ont vécu ensemble pendant dix ans et ont fait deux enfants, Rose et Raoul. Mais le désamour est venu et la séparation semble inéluctable. Mais les deux parents n’arrivent pas à se séparer de leurs enfants et imaginent une solution immobilière innovante pour se quitter sans s’en éloigner : vivre dans deux appartements aux entrées distinctes, reliées entre eux par la chambre des enfants.
C’est cette histoire autobiographique que les deux acteurs mettent en scène et filment, en sollicitant leurs familles, leurs amis pour interpréter leurs propres rôles.
Il a fallu un sacré culot à Philippe Rebbot et à Romane Bohringer pour raconter sans fard la part intime de leur histoire. Ils le font avec une étonnante impudeur, sans jamais chercher à se donner le beau rôle, sans jamais pour autant verser dans le narcissisme ou l’exhibitionnisme. Lui est cet adolescent cinquantenaire, le cheveu en pétard, le poil mal rasé, tentant sans succès, avec sa casquette et son skate, de paraître plus jeune qu’il n’en a l’air. Elle a la tête sur les épaules, vit bien ses rides, mais n’a rien perdu de sa fougue juvénile.
Les anecdotes comiques s’enchaînent, dont on se demande quelle est la part d’histoires vécues ou imaginées. On voit passer Réda Kateb, hilarant en psychologue canin, Clémentine Autain, pas vraiment à l’aise devant la caméra, un proviseur à moumoute, deux voisins homos en quête de mère porteuse et des psys en pagaille.
Pour particulière que soit l’histoire de ces deux bobos, elle dit quelque chose de notre temps. Elle raconte une forme de post-soixante-huitardisme assumé. Cette génération entend vivre comme elle l’entend, sans les totems ni les tabous que ses aînés ont désacralisés, et opérer des choix de vie sans se les laisser dicter. Mais, à la différence de la génération précédente, autrement plus iconoclaste, elle fait de la famille, qu’elle soit nucléaire ou étendue, l’horizon indépassable de son bonheur : il n’y a pas d’amour plus grand que celui qu’elle nourrit pour ses bambins, pas de fidélité plus durable que celle qui la rapproche de ses parents.