Dans le Grand Nord sibérien, Nanook et Sedna, la cinquantaine, vivent de la pêche et de la chasse comme leurs ancêtres iakoutes avant eux.
Mais leur paisible vie quotidienne cache un drame intime : leurs enfants les ont quittés, préférant aller travailler à la ville que rester sous la yourte.
En prénommant son héros Nanook, le réalisateur bulgare Milko Lazarov se revendique haut et fort d’une écrasante filiation : celle du célèbre documentaire de Robert Flaherty Nanouk l’Esquimau. Comme lui, il raconte, dans la première partie de son film les heures et les jours dans l’hiver arctique. On y voit Nanook creuser la glace pour pécher, poser des pièges, préparer la yourte à affronter la tempête. Akira Kurosawa dans Dersou Ouzala ou Zacharias Kunuk dans Atanarjuat, la légende de l’homme rapide s’y étaient déjà essayés.
Cette (trop) lente description anthropologique occupe la première moitié du film au cours de laquelle quasiment pas une parole n’ait été prononcée. C’est seulement dans sa seconde moitié qu’une histoire se dessine autour de Ága, la fille de Nanook et de Sedna, l’absente qui donne son titre au film et autour de laquelle l’intrigue se noue. Pas de suspense haletant ni de rebondissements en cascade, mais une histoire sans mots qui se termine par deux plans muets d’une sidérante beauté. Ils nous récompensent de notre patience et justifient à eux seuls l’intérêt porté à ce film dépaysant.