Depuis que je vais au cinéma, je n’ai jamais raté un Woody Allen. À mon âge ça commence à faire. 1987 ? 1988 ? C’est devenu un rite saisonnier, en général automnal mais cette année printanier, Cannes oblige. Un rendez-vous immanquable. Un peu comme le raisin en septembre et les truffes à Noël.
Depuis quelques années, le maestro vieillissait. Mais on lui laissait encore le bénéfice du doute. Combien de fois a-t-on écrit qu’un mauvais Woody valait mieux qu’un bon navet ? Au milieu d’une longue liste de films oubliables (qui se souvient de Melinda et Melinda ou de Scoop ?), quelques pépites rappelaient que Woody était un génie : Match Point, Blue Jasmine…
Mais aujourd’hui le roi est nu. Woody a atteint ses limites. S’il n’avait pas quatre-vingts ans passés, j’oserais dire qu’il a fini de creuser sa tombe. Tant (oh mon Dieu, j’ai déjà oublié le titre de ce film que je viens de voir) Café Society est un ratage complet.
La mise en scène si tonique, si vivante, est désormais d’une soporifique paresse. Le scénario surprenant et rebondissant est ici long comme un jour sans pain. Même les acteurs ont l’air de s’ennuyer. Restent des décors, des costumes, une lumière (l’Amérique des années 30), luxueux mais sans âme.
Pariant sur la réputation de son auteur, Café Society a fait l’ouverture du Festival de Cannes. Il y était projeté hors compétition. Pour ne pas éclipser les autres films ? Ou pour ne pas leur faire de tort ?