Longtemps le cinéma français s’est tenu éloigné du monde politique. Longtemps il fut de bon ton de s’en étonner, le comparant au cinéma américain qui, depuis toujours, n’a pas hésité à mettre en scène les sommets de l’État. La situation est en train de – lentement – évoluer : l’excellent La Conquête, le drolatique Quai d’Orsay, le surcoté L’Exercice de l’État, la série Les Hommes de l’ombre décrivent avec plus ou moins de succès les arcanes du pouvoir et les moyens de le conquérir.
Un homme d’État s’inscrit dans cette veine de plus en plus abondante. Librement inspiré de la campagne présidentielle de 2012, il raconte comment un président de droite sans scrupules, candidat à sa réélection, courtise un vieux leader de gauche dont le ralliement lui permettrait d’être réélu.
Hélas, comme souvent au cinéma, la reconstitution des cercles du pouvoir manque cruellement de crédibilité. Des acteurs, trop vieux ou trop jeunes, récitent sans naturel des dialogues trop écrits. Les rebondissements de l’intrigue sont trop grossiers. Les caractères sont trop machiavéliques ou trop naïfs et vivent dans un luxe indécent de limousines, d’hélicoptères, d’hôtels cinq étoiles, révélateur de l’image faussée qu’on se fait des élites politiques et des hauts fonctionnaires.