Un naufragé s’échoue sur une île déserte. Il tente de s’en échapper en construisant un radeau de fortune, mais une opiniâtre tortue rouge déjoue tous ses plans.
Vous aimez les dessins animés du studio Ghibli : Le Conte de la princesse Kaguya, Ponyo sur la falaise, Princesse Mononoké ? Vous adorerez La Tortue rouge, fruit d’une coproduction entre le célèbre studio japonais et l’équipe néerlandaise de Michael Dudok de Wit. Mêmes aplats de couleurs pastel ; même dépouillement du trait ; mêmes thématiques écologistes et panthéistes.
La Tortue rouge sort deux semaines après Dans les forêts de Sibérie. Les deux films racontent la même histoire : celle d’un homme, seul au milieu d’une nature tout à la fois hostile et amie. Sans doute Sylvain Tesson est-il un exilé volontaire qui se cloître dans une cabane sibérienne pour fuir le monde tandis que le Robinson anonyme de Michael Dudok de Wit n’est pas maître de son sort. Les deux films ne pourraient pas être plus dissemblables. Le premier est un dessin animé, stylisé ; le second un film quasi documentaire. Le premier est muet mais parvient, grâce au dessin et à la musique, à rendre palpable toute une gamme d’émotions subtiles ; alors que le second recourt à la voix off. Seul point de convergence – et seule faiblesse commune aux deux œuvres : la solitude du héros ne dure pas. Sylvain Tesson rencontre un braconnier qui fuit la police ; Robinson rencontre son Vendredi qui est rousse et maternelle (ce n’est pas un spoiler car l’affiche la montre) et lui fait un enfant.
Avec l’apparition de cette femme et bientôt de cet enfant, la seconde moitié de La Tortue rouge bascule dans une autre histoire. Le film se replie sur la famille. Il y est moins question de l’Homme et de la Nature, de leur relation au départ conflictuelle et bientôt symbiotique, que de l’Homme et de l’Homme : avoir un enfant, le protéger, lui transmettre des valeurs et, l’âge venu, s’en séparer… Une bien belle histoire, mais peut-être trop conventionnelle pour emporter l’adhésion.