Je suis allé à reculons voir L’Hermine. Je déteste Luchini que je trouve précieux et prétentieux. J’arrive dans la salle bondée. Je suis le plus jeune spectateur (ce qui m’arrive de moins en moins souvent) : j’en suis ravi… et terrifié.
Mais, dès les premières scènes, mes préventions disparaissent. Christian Vincent (La Discrète, Beau fixe, La Séparation) a le chic pour nous installer dans une situation : une petite ville de province, un magistrat misanthrope, un procès d’assises et ses jurés tirés au sort.
On imagine alors un film de procès comme le cinéma américain nous en donne tant d’exemples. On se trompe.
L’Hermine n’est pas un film de prétoire. C’est un film sur la Justice et ceux qui la rendent.
Bien sûr on pourra être touché par la panoplie des membres de la cour d’assises : son président ronchon, sa greffière dévouée, son avocat général timoré et les jurés composant une radioscopie caricaturalement représentative de la société française.
On pourra aussi s’attacher à l’accusé soupçonné d’avoir assassiné son enfant dont on se doute très vite qu’il a commis ce crime avec la complicité de son épouse. Couple écrasé par la misère sociale et l’abrutissement. On imagine que sa culpabilité ou son innocence va éclater. Il n’en sera rien. On croit assister à un coup de théâtre ; mais il ne faut pas s’y fier. En deux phrases, le président recadre les débats, explique aux jurés que leurs questions resteront sans réponses et qu’un procès n’a pas pour objet de faire surgir la vérité.
Comme jamais au cinéma – sinon dans quelques rares documentaires – on décortique la procédure pénale : la sélection des jurés, le poids du président et de ses assesseurs, l’indépendance de l’avocat général, le rôle de la défense… Et on le fait sans didactisme pesant, l’air de ne pas y toucher.
Car Christian Vincent a le bon goût de nous faire croire que l’essentiel est ailleurs. Dans la résurrection d’un homme revenu de tout qui croise un amour perdu et essaie de remonter le temps. Sidse Babett Knudsen est parfaite dans le rôle de la femme idéale. Le dernier plan est merveilleux. Il nous fait presque oublier la richesse du reste du film.
La bande-annonce