Fixeur (n.m.) : Personne employée (comme guide, interprète etc.) par un(e) journaliste pour faciliter son travail.
Radu travaille pour l’Agence France Presse (AFP) à Bucarest. Quand il apprend que deux prostituées mineures sont rapatriées de France vers la Roumanie, il propose à une équipe française de télévision d’organiser une rencontre.
Le cinéma roumain produit des pépites. Les films de Cristian Mungiu (Baccalauréat), Cristi Puiu (Sierranevada) ou de Corneliu Porumboiu (Le Trésor) décrivent une société âpre où l’individu est confronté à des dilemmes éthiques. Le précédent film de Adrian Sitaru (Illégitime) m’avait enthousiasmé. J’attendais beaucoup de Fixeur. J’en ai été un peu déçu.
Fixeur traite de la déontologie du journaliste. Quelles compromissions peut-il accepter pour décrocher un scoop ? Quel respect doit-il aux personnes qu’il interviewe ? Jusqu’où peut-il orienter leurs réponses ? Doit-il s’inquiéter des conséquences de leur témoignage sur leur vie et sur leur sécurité ? Les questions sont nombreuses et elles ouvrent autant de pistes potentiellement très fécondes.
Hélas, on sent Adrian Sitaru étrangement retenu. Comme s’il n’était pas allé jusqu’au bout de son projet.
L’intrigue se réduit à pas grand chose. Radu accompagne un journaliste français et son cameraman dans la région de Cluj. Ils retrouvent la trace de Anca, jeune mineure de quatorze ans, traumatisée par le mois qu’elle a passé sur le trottoir à Paris et inquiète des représailles qu’elle pourrait subir pour avoir donné son proxénète à la police. Elle a trouvé refuge chez des religieuses qui refuse son accès aux journalistes.
Le film se termine par la rencontre d’Anca et de Radu. Non ! ce n’est pas un spoiler ! C’est son affiche ! Cette rencontre déçoit. Car il ne s’y produit rien qu’on n’escomptait pas. Est-on blasé des mille horreurs dont les actualités et la fiction nous mitraillent quotidiennement pour ne plus être bouleversé par une gamine de quatorze ans qui dit face caméra « Cinquante euros la pipe et l’amour » ? Peut-être.