Tout s’écroule autour de Jorge. Son couple se délite. Son entreprise a déposé le bilan. Son pays est au bord de la faillite économique. Pour retenir son épouse, Jorge accepte de prendre un emploi de gros bras dans une entreprise de recouvrement de dettes.
Il y a deux films en un dans Saint Georges.
Le premier est un documentaire sur un Portugal comme on l’avait rarement vu. Loin des clichés touristiques sur le fado et la saudade, le Portugal filmé par Marco Martins est un pays gris, pauvre, frappé par la crise. On pense, la poésie en moins, à la trilogie de Miguel Gomes Les Milles et une nuits qui avait enchanté la Croisette en 2015.
Le second est le portrait d’un homme déchiré. Jorge est un boxeur qui n’a pas embrassé la carrière professionnelle auquel son père aspirait pour lui. Il ne sait que faire de son impressionnante musculature. On l’aura compris : c’est un géant au cœur tendre qu’embarrasse sa stature de videur. Mais c’est cette stature, précisément, qui intéresse la société de recouvrement de dettes aux méthodes peu orthodoxes qui l’emploie. Son rôle : intimider les payeurs récalcitrants voire les bousculer pour les contraindre à régler leurs dettes. Sauf que ces débiteurs sont de la même étoffe que Jorge : des malheureux broyés par la crise.
Ainsi croqué, Saint Georges a des accents scorcesiens. Mais Nuno Lopes n’est pas Robert de Niro dans Taxi Driver. Il en a pourtant l’étoffe, lui qui a pris vingt kilos et pratiqué la boxe pendant six mois pour endosser le rôle. Mais le scenario qui fait du surplace et une mise en scène qui abuse trop des ellipses sont les points faibles de ce film qui ne trouve jamais le bon rythme.
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