Wùlu ★★☆☆

Savez-vous ce qu’est un coxeur ? C’est la profession qu’exerce Ladji dans la capitale malienne. Debout sur le marchepied d’un minibus, il harangue les clients, encaisse le prix de leur trajet, guide le chauffeur en fonction des arrêts demandés.
Mais soyez rassurés, Wùlu n’est pas un film sur la sociologie des transports à Bamako. C’est plutôt l’histoire d’un Scarface malien qui gravit les échelles de la pègre.

On lui demande d’abord de faire de la contrebande à la frontière sénégalo-malienne. L’ingéniosité dont il fait preuve lors de sa première mission lui attire la confiance de ses commanditaires qui lui confient des missions plus difficiles en Guinée, puis dans le Nord du pays. Mais c’est lui qui, en cheville avec un trafiquant vénézuélien a l’idée de faire prendre à son business un toute autre envergure.

Le cinéma africain fait lentement son entrée dans le grand bain du cinéma mondial. Longtemps condamné à faire de la figuration dans les grands festivals, il en décroche désormais les premiers prix : Un homme qui crie (Prix du jury à Cannes en 2010), Timbuktu (César du meilleur film en 2015), Félicité (Grand prix du jury à Berlin en 2017). Pour autant, le cinéma africain reste un cinéma de niche, handicapé par la faiblesse de ses moyens. On attend toujours le premier blockbuster africain. Wùlu cherche à sortir de ce ghetto en investissant le champ du polar, un genre jusqu’alors étranger au continent.

Il n’y parvient qu’à moitié. Certes, la mise en scène est nerveuse. Certes, le destin de Ladji est attachant dont l’ascension se paie du prix de l’amour des siens (son meilleur ami, sa sœur…) Mais la direction des acteurs laisse à désirer. Autre défaut : le scénario embrasse trop de problématiques et les étreint mal : la criminalisation des sociétés africaines, condamnées, si elles veulent réussir, à sortir de la loi, la corruption des élites (l’histoire se déroule avant le coup d’État de janvier 2012 qui allait conduire à l’effondrement de l’État malien), la quête d’identité d’individus à cheval sur deux cultures…

Malgré ses défauts, Wùlu – dont la palette chromatique de l’affiche rappelle celle de La Cité de Dieu de Fernando Meirelles qui, lui aussi, importait au pays de la salsa le polar et ses violences – mérite le détour.

La bande-annonce

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