Un Français est un film à voir ou à revoir. Mais pas pour les raisons qu’on croit.
On serait déçu en espérant y voir la radioscopie d’une France rongée par les démons de l’extrême droite. Car ce film sorti en 2015 ne parle pas des millions de Français qui avaient voté ou voteraient pour le Front national au point de permettre à son leader d’accéder au second tour de l’élection présidentielle de 2017. Ce film parle d’une minorité de skinheads historiques qui, depuis les années 80, professent une xénophobie radicale et une violence nihiliste.
L’intérêt du film est ailleurs : dans sa façon de raconter – en une heure trente-huit seulement – près de trente ans d’histoire de France depuis la montée de l’extrême droite dans les années quatre-vingts jusqu’à la Manif Pour Tous. Diastème procède par un mélange de lenteur et d’ultra-rapidité. Lenteur des longs plans séquences qui accompagnent, jusqu’à la nausée des scènes répétitives de ratonnade, aussi violentes que bêtes. Ultra-rapidité dans la juxtaposition très cut de ces scènes séparées par des ellipses de plusieurs années qu’on ne saisit pas immédiatement mais qui deviennent en quelques secondes aisément compréhensibles.
Un Français n’est pas encore le (grand) film français sur l’extrême droite que l’on attend, mais c’est un modèle de cinéma. Et c’est déjà beaucoup.