Les Logan ont la poisse. Jimmy l’aîné (Channing Tatum) aurait pu devenir pro au football américain si une mauvaise blessure au genou ne l’avait définitivement écarté des stades. Clyde le cadet (Adam Driver) a perdu une main en Irak. Mellie la sœur (Riley Keough) s’en sort le moins mal grâce à son emploi de coiffeuse. Pour chasser la malchance et sortir de la galère, le trio décide de réaliser un casse. Ils s’adjoignent les services de Joe Bang (Daniel Craig) un expert en explosif qui purge une peine en prison.
Steven Soderbergh est de retour. Le génial réalisateur américain avait portant annoncé son départ définitif du cinéma il y a quatre ans. Il s’était borné à tourné une série The Knick sur les débuts de la chirurgie hélas abandonnée au bout de sa seconde saison. Le plus jeune lauréat de la Palme d’Or (Sexe, mensonges et vidéo en 1989) a signé quelques uns de mes films préférés : Traffic, Solaris, Contagion…
Avec une efficacité inentamée, il reprend la recette éprouvée de la trilogie Ocean Eleven/Twelve/Thirteen : la préparation et l’exécution d’un braquage sophistiqué. Mais si Ocean Eleven se passait dans les palaces de Las Vegas et avait pour héros les mecs les plus sexy de la planète, Lucky Logan prend la direction opposée : l’action se déroule dans l’Amérique profonde, qui vote Trump en écoutant l’hymne national la main sur le cœur, qui emmène ses petites filles à des concours de beauté et qui regarde le week-end des voitures tourner en rond. Et ses héros sont des ploucs, des rednecks, des losers magnifiques qui cherchent à se venger d’une vie qui ne leur a jusqu’alors pas été bien douce.
Soderbergh est suffisamment habile, dans l’écriture de son scénario comme dans sa direction d’acteurs, pour nous tenir en haleine pendant près de deux heures. Son film n’en est pas moins construit sur un hiatus. Ses héros nous sont présentés comme de sympathiques abrutis sudistes – comme George Clooney dans O’Brother – mais la sophistication du plan qu’ils mettent en œuvre ne cadre pas avec leur simplicité bon enfant.