Pamela a vingt ans. Et, avec Paul Nizan, elle pense certainement que ce n’est pas le plus bel âge de la vie. Elle vient de rater pour la seconde fois son baccalauréat. Elle échoue à l’examen du permis de conduire. Et sa vie sentimentale est un désert.
Pamela est une Portugaise de la seconde génération. Elle conserve avec le pays de ses parents, sa langue, sa culture, un lien privilégié. Comme chaque été, elle se rend en famille dans le village natal de ses parents.
La communauté portugaise en France ne fait guère parler d’elle. Pourtant elle est l’une des plus nombreuses, de loin la première communauté étrangère européenne et devancée de justesse par les communautés algérienne et marocaine. Rare sont les films qui en parlent. On peine à en trouver un autre que La Cage dorée, cette histoire de concierges qui hésitaient, l’âge de la retraite venue, à retourner au Portugal.
Laurence Ferreira Barbosa a un patronyme hérité de son grand père paternel. Pourtant cette Portugaise de la troisième génération a perdu tout lien avec ses origines : elle ne parle pas le portugais et n’a plus d’attache au Portugal. C’est après une longue traversée du désert (son dernier film, un demi-succès, remonte à 2008) que cette réalisatrice dont le premier film Les Gens normaux n’ont rien d’exceptionnel lui valut une renommée éphémère, eut l’idée d’exploiter cette veine.
Pour ce faire, elle choisit une jeune femme de vingt ans. Double originalité. Ce n’est pas une adolescente qui découvre les premiers émois de l’amour – comme l’était Rose, l’héroïne franco-polonaise de Crache Cœur. Deuxièmement, si elle a un visage d’ange, elle a vingt kilos de trop – qu’elle porte d’ailleurs avec une belle joliesse.
Le problème de Tous les rêves du monde – outre son titre passablement niais – est que sa réalisatrice n’utilise pas ce potentiel dramatique. Pendant le premier tiers du film, Pamela galère à Paris. Pendant le deuxième, elle part au Portugal. Changement de décor : village alangui sous le soleil méridional, travaux des champs, soirées dansantes… et une amie franco-portugaise comme Pamela qui connaît bien des mésaventures. Troisième tiers : retour à Paris. C’est tout. C’est charmant. Mais c’est peu.
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