Théodore a treize ans. Il est en pleine crise d’adolescence. Il en veut à la terre entière, à sa mère qui le couve de trop d’amour, à son père qui l’en a trop tôt sevré et qui l’a abandonné.
Simon en a trente. Il sort d’hôpital psychiatrique. Il va être père. Il est marié à Rivka, qui prépare non sans mal Théodore à sa bar-mitzvah. Quand Théodore fugue, c’est Simon qui lui court après.
Des histoires de père en mal de fils, de fils en mal de père, vous en avez déjà soupé. Des adulescents immatures, des adolescents trop matures, vous en avez trop vus. Remplacer le père immature par une mère fantasque, vous aurez le scénario de L’Échappée belle (2015). Ne vous arrêtez pourtant pas au pitch ni à la bande-annonce de ce petit film français plein de délicatesse qui ne paie pas de mine.
Laissez vous séduire par ces deux-là. Simon (Félix Moati) se file des gifles et des coups parce qu’il ne se sent pas à la hauteur de son futur rôle de père. Théodore en file aux autres parce qu’il ne sait pas comment canaliser sa violence. Autour d’eux deux superbes rôles de femmes. Mélanie Bernier, un des plus jolis minois du cinéma français, est l’épouse de Simon. Elle joue avec une belle autorité un rôle rarement vu : une rabbin enceinte. Audrey Lamy, dont on connaissait le potentiel comique, interprète la mère de Théodore, rongée d’inquiétude suite à la disparition de son fils.
Ces quatre-là se courent après l’espace d’une journée dans un chassé-croisé aussi distrayant que touchant. Simon et Théodore ne révolutionnera pas l’histoire du cinéma mais n’en constitue pas moins un film réussi qu’une programmation automnale trop encombrée condamne à un injuste anonymat.