Comme dans tous les films du prolixe réalisateur coréen , l’intrigue de Seule sur la plage la nuit – à supposer qu’il y en est une – est filandreuse et le résumé que le critique appliqué pourrait tenter d’en faire trop cartésien pour rendre fidèlement compte de sa fragile nébulosité.
Young-Hee est une célèbre actrice coréenne qui vit une idylle contrariée avec un homme marié. Elle met sa carrière entre parenthèse pour soigner un chagrin d’amour. Elle part en Europe (Hambourg ?) et discute avec l’amie qui l’héberge. Elle revient en Corée et discute avec des amis lors d’un dîner trop arrosé. Elle s’endort sur une plage et fait un rêve où elle discute avec des amis.
Les films de Hong Sangsoo se suivent et se ressemblent. Comme les livres de Modiano, ils ressassent les mêmes thèmes, réempruntent les mêmes formes. Il y est question d’adultère, de jeunes filles malheureuses qui s’interrogent sur le sens de l’amour, d’hommes mûrs, infidèles et lâches. Leurs longs dialogues sont filmés en extérieurs, souvent au bord de la mer, ou durant des soirées bien arrosées où l’alcool délie les langues et sonde les âmes.
On peut trouver une certaine émotion à retrouver ce cinéaste et ses trois ou quatre réalisations annuelles (Le Jour d’après, Yourself and yours, Un jour avec, un jour sans…). On peut aussi – et c’est mon cas – s’en lasser. Certes, ce film-là a une particularité : il fait référence, avec une étonnante audace, au scandale provoqué en Corée par la liaison adultère entre la jeune actrice Kim Minhee et le réalisateur Hong Sangsoo. Mais, cet arrière-plan autobiographique – que le spectateur ignorerait s’il n’avait eu ni le temps ni la curiosité d’aller glaner des informations sur le film – ne change tout compte fait pas grand’chose à la donne : Seule sur la plage la nuit n’est qu’un opus de plus dans une œuvre qui s’étiole dans la sempiternelle répétition des mêmes situations.