Iron Claw ★★☆☆

Les frères Von Erich forment une fratrie légendaire de catcheurs. Entraînés par leur père, Fritz Von Erich qui fut lui-même un catcheur professionnel et créa sa propre association de catch à Dallas à la fin des années 60, ils remportèrent plusieurs titres avant de connaître des destins tragiques.

Le catch est un spectacle fascinant à la frontière du sport et du théâtre. Des athlètes bodybuildés, costumés et grimés, y feignent des combats épiques. Assez bizarrement, cette comédie où tout ou presque est faux fait bon ménage avec la compétition et donne lieu à des classements et des médailles – on me rétorquera, et on aura raison, qu’au théâtre aussi on décerne des prix pours les meilleurs acteurs.

Le catch est un sport fondamentalement américain qui, s’il a essaimé au Japon ou au Mexique n’est guère populaire en Europe sauf au Royaume-Uni. Je serais bien en mal de citer des films qui lui sont consacrés sinon celui dans lequel jouait Mickey Rourke, défiguré par les opérations esthétiques et les médicaments, The Wrestler.

Iron Claw est un film américain des plus classiques qui raconte, sur quarante ans, l’histoire d’une famille. Son titre est malin : Iron Claw est la fameuse prise de Fritz Von Erich avec laquelle il achevait ses adversaires, mais c’est aussi l’étau dans lequel ce père toxique a étouffé ses propres enfants.

Car, autant sinon plus qu’un film sur le catch, la discipline de fer qu’il exige de ses athlètes et la part de chiqué et de combines qu’il comprend, Iron Claw est une tragédie grecque. C’est un film tragique dont les protagonistes sont condamnés à disparaître les uns après les autres, condamnés par la malédiction qui plane sur la famille Von Erich. Cette malédiction n’a rien de surnaturel. C’est la tragique conséquence d’une éducation oppressante exercée par un père autoritaire et complotiste qui entend se venger grâce à ses fils des échecs qu’il a lui-même subis. Il leur a fixé un seul objectif : remporter les trophées qu’il n’a pas été capable de conquérir.

Iron Claw est réalisé par Sean Durkin, honnête faiseur du cinéma américain, auquel on doit en 2012 Martha Marcy May Marlene, un film sur l’emprise sectaire. Il a confié le rôle principal à Zac Efron – que j’ai confondu avec Joaquin Phenix – métamorphosé par le bodybuilding et une coupe de cheveux qui n’est guère à son avantage. Le personnage le plus impressionnant du film est celui de son père, qui aurait pu être plus venimeux encore si l’interprétation de Holt McCalanny avait été moins plate. Mais dans ce film très masculin, qui sue la testosterone, ma préférence est allée à ses deux actrices féminines : Lily James qui, depuis son rôle d’ingénue dans Downton Abbey, creuse lentement son chemin et Maura Tierney, inoubliable dans The Affair.

Iron Claw pâtit de son classicisme. C’est un grand et beau film, comme Hollywood sait les faire qui, sur un rythme pépère, raconte pendant plus de deux heures de temps, sans un moment d’ennui, une histoire qui se déroule sur plusieurs décennies. Iron Claw ne révolutionnera pas le septième art mais offre aux spectateurs un bon moment de cinéma.

La bande-annonce

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