Vers la lumière ★☆☆☆

Misako est audiodescriptrice : elle décrit à des spectateurs malvoyants les films qu’ils ne peuvent voir. Masaya est un photographe qui perd la vue.

On l’aura compris : le dernier film de Naomi Kawase, la réalisatrice des Délices de Tokyo et de Still the Water, interroge le regard.

Sa première scène est doublement intéressante. La jeune Misako y teste sur un panel d’une demie-douzaine de malvoyants son audiodescription d’une scène d’un film. Elle est intéressante par ce qu’elle nous montre des relations interpersonnelles au Japon : l’extrême délicatesse des compliments adressés à la jeune femme laisse bientôt percer des critiques d’autant plus blessantes qu’elles sont formulées avec une grande douceur.
Elle est aussi intéressante par le défi qu’elle lance, à nous, voyants, de nous mettre dans la peau d’un aveugle. Comment décrire la scène muette d’un film ? Faut-il rester dans la description objective des faits et des gestes au risque de la froideur ? Faut-il – comme le fait Misako et comme son panel le lui reproche – se risquer à une description plus psychologique, au risque de donner à la scène une signification qu’elle n’a pas et au risque surtout de priver le spectateur de sa liberté d’imagination ?

La question est passionnante. Mais elle ne fait pas un film. Et au bout de vingt minutes, le constat s’impose : on tourne en rond. Pour sortir de l’impasse, Naomi Kawase imagine une idylle entre l’audiodescriptrice et le photographe aveugle. Sur une musique envahissante et sursignifiante, c’est une catastrophe. Dommage.

La bande-annonce

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