Fortunata n’a pas la vie facile. Son ex-mari bas-du-front la harcèle. Elle doit s’occuper seule de sa fille de huit ans et veiller comme une sœur sur son voisin, un tatoueur camé qui a la charge de sa vieille mère démente. Juchée sur de hauts talons, le cheveu en pétard, elle arpente Rome avec son Vanity pour aller coiffer ses clientes à domicile. Son rêve : ouvrir son salon de coiffure.
Fortunata rappelle Mamma Roma, le chef d’œuvre de 1961 qui valut la célébrité à Pasolini. Il est tourné dans les mêmes banlieues pauvres de la capitale italienne, entre un aqueduc romain et une barre HLM. Si elle n’exerce pas le même métier qu’Anna Magnani (qui interprétait le rôle d’une prostituée en mal de respectabilité), la flamboyante Jasmine Trinca (déjà aperçue chez Nanni Moretti et chez Michele Placido) en a les tenues décolletées et surtout le grand cœur.
Le problème est que Fortunata ne peut compter que sur ses interprètes pour retenir l’intérêt. Le scénario échoue cruellement à leur donner vie. On en est d’autant plus frustré qu’ils sont attachants. Mais la rencontre entre Fortunata et le séduisant psychologue chargé de sa fille (Stefano Accorsi, sans doute l’un des acteurs italiens les plus connus de ce côté ci des Alpes) est tellement cousue de fil blanc qu’on s’en désintéresse dès la première embrassade. Dommage…