Des jeunes femmes sont tuées près d’une vieille usine dans le sud de la Chine en 1997. Yu Guowei en dirige la sécurité. L’officier Zhang l’associe à l’enquête de police.
Une pluie sans fin est le premier film de Dong Yue. Le réalisateur est un ancien chef opérateur qui soigne sa mise en scène. L’usine en cours de désaffection qui en est le cadre est en fait l’acteur principal. La pluie ininterrompue qui s’abat sur les personnages gomme les couleurs et sature le son.
Cet esthétisme, qui rappelle les fictions de Jia Zhang-Ke et les documentaires de Wang Bing, joue parfois au détriment de l’histoire dont le scénariste semble s’être désintéressé en cours de route, comme les films noirs américains des années cinquante. On perd de vue l’enquête policière proprement dite pour se focaliser sur les personnages : le héros Yu Guowei dont le zèle maladroit tourne bientôt à l’obsession, la belle Yanzi qui rêve de partir à Hong Kong dont la rétrocession est imminente, le vieux policier Zhang revenu de tout.
Une pluie sans fin est un film politique qui tend à la Chine un miroir : celui du temps pas si ancien de l’industrialisation maoïste à marche forcée. Une pluie sans fin raconte la fin de cette époque – qu’on aurait tort de situer dès les premières ZES lancées dès 1979. Il le fait sans nostalgie. Il tire plutôt son film vers l’onirisme ou le cauchemar éveillé : Yu Guowei, dont on doute un instant de la santé mentale, a-t-il vécu les événements qu’il relate ou s’est-il contenté de les rêver ?