Dans les Andes péruviennes, Noé initie Segundo, son fils, à son métier : il construit des retables peuplés de figurines, faites de plâtre et de pommes de terre, censées représenter des scènes de la vie quotidienne.
L’adolescent de quatorze ans nourrit une admiration et une tendresse sans bornes pour son père. Elles seront mises à mal par la découverte de l’homosexualité de celui-ci. Quand elle devient de notoriété publique, Segundo doit choisir : restera-t-il fidèle à son père au risque d’être mis comme lui au ban de la communauté ?
Mon père (Retablo) a l’apparence de l’exotisme. Il nous transporte aux fins fonds du Pérou entre les montagnes où les bêtes paissent et les vallées où Noé fait commerce de son art. Les protagonistes n’y parlent pas espagnol mais quechua. Pendant la première demie heure, craignant le pire, on se croirait à une conférence Voyages du monde sur les Andes, la voix chevrotante du conférencier en moins.
Pourtant, Mon père traite de sujets universels. Le plus évident est l’homophobie, d’autant plus violente qu’elle touche des communautés reculées et virilistes. Il y a dans son exposition et dans sa dénonciation son lot de bien-pensance qui garantissait à ce film une récompense aux Teddy Awards de Berlin qu’il a reçu sans coup faillir.
Mais le thème principal de Mon père est – comme le titre français l’annonce – ailleurs : la relation père-fils et l’effondrement de la figure paternelle. Là encore, le film n’évite pas le simplisme dans son approche en trois temps : l’adoration paternelle, le rejet d’autant plus brutal et enfin la réconciliation finale. Pour autant, il est difficile de résister à l’émotion que suscite la conclusion déchirante de cette histoire.