Née en 1873 dans un petit village de Bourgogne, Gabrielle-Sidonie Colette rencontre encore adolescente Willy, un écrivain parisien à succès et un homme à femmes. Elle l’épouse à vingt ans à peine et s’installe avec lui à Paris. Pour soutenir un train de vie dispendieux, Willy fait travailler autour de lui plusieurs nègres qui rédigent des ouvrages qu’il signe de son nom. Il convainc son épouse de raconter ses souvenirs d’enfance. Claudine à l’école, publié sous le nom de Willy, connaît un succès retentissant qui appelle vite une suite.
Mais celle qui se fait désormais appeler Colette supporte de plus en plus mal son inconstant époux. Elle découvre son homosexualité avec Georgie Raoul-Duval (la « Rézi » des Claudine) puis avec Mathilde de Morny. Surtout, elle exige de son mari le droit de signer ses livres de son propre nom.
Encore un biopic. Après Oscar Wilde, après Cézanne, après Rodin, après Paula Modersohn-Becker, après Toulouse-Lautrec, voici un nouveau biopic ayant pour cadre le Paris de la Belle époque. Il raconte la libération d’une femme qui, à l’époque de #MeToo, se teinte d’un écho particulier : Colette revendique son droit à vivre librement sa (bi)sexualité et gagne celui de le faire hors de l’emprise d’un mari phallocrate et spoliateur dont elle divorcera en 1910 et dont elle récupèrera les droits qu’il s’était arrogés sur la série des Claudine.
La production est anglo-saxonne. Il faut lui reconnaître le mérite d’y avoir mis le budget nécessaire et un soin tout particulier dans les décors et dans les toilettes (je peine à me remettre de la façon dont la rousse Eleanor Tomlinson s’en dévêt). Le rôle principal est confié à Keira Knightley qui s’est fait une spécialité des films en costumes : Orgueil et préjugés, The Duchess, Anna Karenine… Elle joue excellemment. Là n’est pas le problème. Elle est ravissante. Trop peut-être. Car Colette n’était pas jolie. Colette n’était pas gracieuse. Colette était une fille de la campagne dont l’accent rocailleux faisait la risée des cercles parisiens où Willy l’introduisit. Yolande Moreau – dont l’interprétation de Séraphine lui a valu le César de la meilleure actrice en 2009 – aurait mieux convenu pour le rôle.