Si Beale Street pouvait parler ★★★☆

Tish a dix-neuf ans, Fonny trois de plus. Amis depuis l’enfance, ils s’aiment d’un amour infini. Mais l’Amérique des années soixante-dix n’est pas douce aux Noirs. Fonny est emprisonné pour un viol qu’il n’a pas commis. Épaulée par ses parents et par sa sœur, Trish, qui attend un enfant, tente de l’innocenter.

Si Beale Street pouvait parler est réalisé par Barry Jenkins, auréolé du succès de son précédent film. Moonlight a un défaut rédhibitoire : il a usurpé, dans les conditions que l’on sait l’Oscar du Meilleur film 2017 à La La Land. Mais, cette réserve posée, Moonlight était l’œuvre d’un grand réalisateur dont on voit la marque dans son film suivant. On y retrouve le même esthétisme, les plans très rapprochés, presque caressants, la musique élégiaque, le soin apporté à la direction d’acteurs.

Si Beale Street… est l’adaptation d’un roman de James Baldwin. Robert Guédiguian s’en était déjà librement inspiré, transposant l’action de New York à Marseille. La vie et l’œuvre de James Baldwin ont connu, depuis la sortie de I am not your Negro de Raoul Peck en 2017, un regain de popularité. Son intarissable colère contre le sort de ses frères de couleur, son combat pour leur donner une voix (on parlerait en américain d’empowerment, expression que traduit mal le terme « émancipation ») percent dans ce roman dès son titre et dans l’adaptation qu’en fait Barry Jenkins. Les Blancs n’y ont pas le bon rôle : flic odieux, prédateur sexuel… seul le jeune avocat qui accepte d’assurer la défense de Fonny sauve la mise.

Mais on se tromperait à résumer ce film à un seul plaidoyer en faveur des Noirs. Si Beale Street… est plus que cela. C’est d’abord, c’est surtout le portrait lumineux d’un jeune couple fou d’amour. Ils s’aiment avec la légèreté de leurs vingt ans et la gravité de qui aime pour la première fois. Sans doute ce film a-t-il des longueurs et aurait-il pu être amputé d’une bonne demie-heure. Sans doute a-t-il une gravité qui vire parfois à l’ostentation. Il n’en conserve pas moins une beauté, une majesté qui forcent l’admiration.

La bande-annonce

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