Jared Eamons (Lucas Hedges propulsé ado à problèmes depuis Manchester by the sea) est le fils unique d’un couple aimant. Son père (Russell Crowe lesté – ou pas – de trente kilos supplémentaires) est un prêcheur baptiste. Sa mère (Nicole Kidman joue sans maquillage le rôle d’une épouse botoxée) accepte sans mot dire les oukases de son mari.
Lorsque ses parents découvrent l’homosexualité de leur fils, ils envoient Jared suivre une thérapie de conversion dans l’espoir de l’en « guérir ».
Inspiré de l’autobiographie de Garrard Conley, Boy Erased est construit autour d’un ressort simple sinon simpliste : nous révolter face à ces cures de réorientation sexuelle, mélange improbable de croyance mystique et de psychologie new age. Elles étaient déjà le sujet de Come As You Are sorti l’été dernier. On pense dans le même registre au stupéfiant documentaire Jesus Camp sorti en 2007 sur l’endoctrinement des enfants dès leur plus jeune âge dans des colonies de vacances évangéliques.
Le problème de Boy Erased est que son ressort dramatique est faible : Jared entre en cure… et en sort. Du coup, le scénario est obligé de chercher désespérément les moyens de nourrir ce squelette : en multipliant les flash-back pour découvrir les rencontres qui ont émaillé la prise de conscience par Jared de son homosexualité, en donnant sa minute de célébrité à chacun de ses compagnons de cure (l’obèse, le rebelle, la lesbienne…) et au directeur de l’institut Love In Action (interprété par le réalisateur) dont un carton final nous révèle l’étonnant destin, etc.
Le plus intéressant est ailleurs : dans le triangle familial magnifiquement résumé dans la photo qui fait l’affiche. Joel Edgerton joue sur du velours avec deux acteurs hors pair. Nicole Kidman et Russell Crowe sont l’un comme l’autre impressionnants, chacun dans son registre. Et Lucas Hedges est décidément un solide comédien pour réussir à ne pas se faire voler la vedette par ces deux monstres sacrés.