Anna (Valeria Bruni-Tedeschi) est réalisatrice de cinéma. Elle travaille à son quatrième film pour lequel elle demande au CNC l’avance sur recettes. Son conjoint lui annonce qu’il la quitte. C’est donc seule qu’elle part en vacances dans la luxueuse villa familiale sur la Côte d’Azur. Servie par une abondante domesticité, elle y retrouve sa mère (Marisa Borini), sa sœur (Valeria Golino) et le mari de celle-ci (Pierre Arditi). Passe le fantôme de son frère mort.
Valeria Bruni-Tedeschi réalise son quatrième film. Comme dans les trois précédents (Il est plus facile pour un chameau…, Actrices, Un château en Italie), elle met en scène son double impulsif et hystérique. Elle s’entoure des membres de sa propre famille : sa mère joue sa mère, sa fille Oumy, une Sénégalaise adoptée en 2009 avec Louis Garrel, joue le rôle de sa fille. Elle évoque – sans jamais le nommer directement – sa rupture avec l’acteur français qu’elle avait rencontré sur le tournage d’Actrices. Elle n’a pas poussé l’ironie jusqu’à proposer à son beau-frère, Nicolas Sarkozy, d’interpréter son propre rôle mais a confié ce soin à Pierre Arditi qui, aux bras d’une femme plus jeune que lui, campe un ancien patron de droite acculé à la faillite et réduit à une oisiveté forcée (sic).
Après avoir raconté sa vie parisienne, Valeria Bruni-Tedeschi translate ses proches sur les bords de la Méditerranée, dans une villa dont le luxe et la localisation sont sans doute comparables à ceux de la maison de sa mère, près du cap Bénat, à une encablure du fort de Brégançon. Ses occupants n’ont rien à y faire, sinon à y lézarder au soleil, à se baigner dans la piscine ou dans la mer toute proche, à s’attabler pour d’interminables repas. Pendant que les riches devisent, la domesticité cancane. Rien n’a changé depuis La Règle du jeu.
Il y a de la part de sa réalisatrice/interprète/co-scénariste un certain culot dans cette « autobiographie imaginaire ». On imagine volontiers les rires jaunes et les grimaces qui ont accompagné son visionnage autour de la table familiale. On paierait cher pour connaître la réaction de Nicolas Sarkozy.
Mais jeter les masques n’est ni nécessaire ni suffisant pour réaliser un bon film. Même s’il est inspiré d’une pièce de Gorky et s’il a fallu pas moins de quatre co-scénaristes pour écrire son histoire (dont Noémie Lvovsky qui interprète le rôle… d’un script doctor qui vient aider l’héroïne à écrire le scénario de son prochain film), Les Estivants ne réussit pas à maîtriser son sujet. Étiré sur plus de deux heures, il se noie dans une succession de saynètes théâtrales. Chacun des trop nombreux acteurs a successivement droit à sa scène et s’en sort plus ou moins bien. Si Pierre Arditi cabotine et Yolande Moreau campe le rôle qu’elle a déjà trop joué d’une gouvernante amoureuse, Vincent Perez, censé interpréter un acteur suisse auquel est confié le rôle du frère dans l’autobiographie que l’héroïne s’apprête à filmer, n’est paradoxalement pas le plus mauvais.
J’ai bien aimé ce film gentiment décadent et plein de musiques. C’est un peu la grande belleza à saint jean cap ferrat.
Exactement !