Robert et Elena sont frère et sœur. Elena prépare son bac de philosophie. Dans la campagne, à deux pas d’une station service, au bord d’une route déserte, les adolescents révisent.
Mais bientôt les choses dégénèrent lorsque Robert défie Elena de perdre son pucelage d’ici la fin du week-end.
Philip Gröning n’est pas un inconnu en France. Il avait déjà signé en 2006 Le Grand Silence, un documentaire languissant de 2h42 consacré à la communauté contemplative du monastère de la Grande Chartreuse, dans les Alpes grenobloises. Son film projeté au dernier festival de Berlin n’est pas moins exceptionnel qui tangente les trois heures.
C’est sa principale originalité. C’est aussi son principal et rédhibitoire défaut. Car mis à part le fait de nous faire toucher du doigt ce qu’est le Temps, tel que l’analyse Heidegger dans Sein und Zeit, on voit mal l’intérêt d’une telle durée dilatée qui fait périr d’ennui le spectateur.
Rien ou quasiment rien ne se passe durant les deux premières heures du film. Tout soudain s’accélère à la fin. On découvre un autre film, autrement intéressant : ses héros ne sont plus deux adolescents qui paressent au soleil en s’échangeant quelques aphorismes philosophiques, mais deux êtres prisonniers d’un monde déréalisé, qui s’affranchissent des règles morales.
Le film est peut-être plus nietzschéen que heideggerien. Plutôt Au-delà du bien et du mal que Être et temps. Dans son dernier tiers où Elena et Robert kidnappent un pompiste, le violent et l’assassinent de sang-froid, on se croirait chez Hanneke façon Funny Games. Mais hélas, l’intérêt du spectateur a été douché par les deux interminables premières heures de ce film interminable. Si bien que, quand l’action commence et que l’intérêt pourrait être réveillé, le spectateur est trop profondément endormi pour pouvoir être secoué de sa léthargie.
Pourquoi n’ai-je pas ressenti la même impression d’ennui ? Subjectivité certes, mais comme pendant 2 heures « il ne se passe rien », même si on pressent constamment ce qui pourrait se passer, si on l’attend (espère ? redoute ?), c’est forcément une affaire de mise en scène, au sens le plus subtil du mot.
J’approuve, cher Gérard, votre stoïcisme.
Parce que un prologue de deux heures pendant lequel rien ne se passe, c’est…long !