Dans la belle demeure familiale, Andréa (Catherine Deneuve) accueille ses enfants pour son anniversaire. L’aîné Vincent (Cédric Kahn) est venu avec son épouse et ses deux garçons. Le cadet Romain (Vincent Macaigne), qui peine à trouver sa voie, est accompagné de sa nouvelle fiancée, une jeune Argentine prénommée Rosita. S’invite sans crier gare le troisième enfant de Andréa, Claire (Emmanuelle Bercot) qui avait quitté depuis trois ans la France pour les États-Unis, laissant derrière elle aux soins d’Andréa l’éducation de sa fille Emma.
La réunion de famille est l’occasion de solder de vieux comptes.
Le repas de famille est un genre cinématographique à lui tout seul. C’est un genre très français : À nos amours de Pialat, Un air de famille de Klapisch. Mais c’est un genre qui n’a pas de frontière : Festen du Danois Vinterberg, Sieranevada du Roumain Puiu.
J’ai une sympathie particulière pour les films de Cédric Kahn que j’avais découvert à la fin des années quatre-vingt-dix dans l’adaptation de L’Ennui de Moravia. Je considère que ces dernières réalisations comptent parmi les meilleurs films de ces dernières années. J’ai mis quatre étoiles à La Prière qu’il a réalisé et à L’Économie du Couple où il interprétait aux côté de Bérénice Bejo le rôle principal.
Pour autant, j’ai été sévèrement rebuté par la bande-annonce de cette Fête de famille, diffusée ad nauseam ces dernières semaines. Elle me donnait l’impression d’avoir déjà tout vu du film et d’en avoir épuisé les pauvres ressorts. Si besoin en était, mon manque d’attirance était encore refroidi par les critiques calamiteuses que le film recueillait.
Bien m’a pris de ne pas m’arrêter à ces a priori. Car Fête de famille, s’il n’est pas un chef d’œuvre inoubliable, est une honnête réussite. Certes, comme l’écrit ironiquement Première « Deneuve deneuve, Macaigne macaigne et Bercot bercotte ». Le cinéma français a un rythme de production tel que ses figures les plus bankables réapparaissent sur les écrans à des intervalles trop rapprochés pour ne pas finir par nous lasser. C’est le cas depuis très longtemps de Catherine Deneuve. C’est en train de le devenir pour Vincent Macaigne, qui devrait gagner en sobriété s’il ne veut pas devenir horripilant. C’est un reproche excessif pour Emmanuelle Bercot qui, dans le rôle de la fille prodigue et frappadingue, tire le mieux son épingle du jeu.
L’espace d’une journée, on regarde cette famille bourgeoise s’aimer et se déchirer, se disputer et se réconcilier, entre tendresse et cruauté, avec des confessions et des non-dits. On est ému ; on sourit. La direction d’acteurs est impeccable. Les scènes de groupe sont parfaitement chorégraphiées et d’un naturel étonnant. Le scénario maintient la tension jusqu’au bout. Que demander de plus ?