Steve Bannon est une des figures les plus emblématiques de l’extrême-droite américaine. Il fut l’un des plus proches conseillers de Donald Trump pendant sa campagne victorieuse et durant la première année de son mandat à la Maison-Blanche.
La documentariste Alison Klaymann – qui avait déjà filmé le dissident Ai Weiwei et qui ne peut être suspectée d’aucune complaisance avec son sujet – l’a suivi pendant un an.
Évincé de la Maison-Blanche en août 2017, mais toujours financé par de riches donateurs, le fondateur du site Breitbart News défend encore la politique du Président. Il sillonne l’Europe pour y coaliser les mouvements nationalistes et conservateurs.
Steve Bannon est une personnalité sulfureuse. Il fut l’âme damnée, le logiciel de Donal Trump, celui qui fournit à cet anti-intellectuel les concepts et les mots pour conquérir le pouvoir et administrer le pays. Michael Wolff en a fait le personnage central de Fire and Fury, l’essai sulfureux qu’il a consacré à la première année de la présidence Trump et qui se clôt par le départ de ce conseiller très spécial.
On était intéressé à aller y voir de plus près, à regarder sous le capot, à comprendre la personnalité de cet homme et la logique de ses idées. Las ! Alison Klaymann s’est perdue. Elle a voulu dresser le portrait d’un sale type. Et elle y réussit : Steve Bannon, mal rasé, mal fagoté, perfusé au RedBull, le nez collé à son téléphone portable (on ne le voit jamais lire un livre), insultant ses collaborateurs, ne ressort pas grandi de ce documentaire dont on se demande bien pourquoi il a autorisé le tournage.
Mais, que Steve Bannon fut un sale type, on s’en doutait. Qu’il ait de sales fréquentations, on l’imaginait sans peine. Et on s’en fiche un peu. Ce qui est intéressant dans le personnage, ce sont ses idées. Et c’est d’idées dont ce documentaire manque cruellement. Obnubilée à démasquer le bad guy, Alison Klaymann oublie de nous montrer le smart guy. On ne le voit quasiment jamais dérouler un argumentaire. Tout au plus l’entend-on répéter quelques mots sur le « nationalisme économique » présenté comme l’alpha et l’oméga de la vulgate trumpienne. Du coup, on n’apprend rien sur ses idées, sur leur force de persuasion et sur les façons d’y répondre.