Sofia (Ilse Salas) mène une vie de grande bourgeoise. Les confortables revenus de son mari Fernando l’ont tenue à l’abri du besoin. Thé entre amies, parties de tennis, shopping dans les meilleures boutiques, son quotidien est oisif.
Mais la crise financière qui frappe le Mexique en 1982 menace cet équilibre. Fernando perd son emploi et s’écroule. Sofia doit sauver la face devant ses amies qui ne sont pas dupes.
Anti-Ken Loach. Librement adapté d’une série de nouvelles titrées Las Niñas bien (« les filles bien nées »), La Bonne Réputation traite d’un sujet avec lequel il est difficile d’être spontanément en empathie. Les pauvres qui galèrent façon Ken Loach émeuvent ; les riches moins. Même si l’esprit de 1789 ne nous anime plus, on ne compatit pas à la fin de leurs privilèges.
Récemment, un autre film venu d’Amérique latine traitait un sujet similaire. Sorti en France en novembre 2018, Les Héritières avait pour héroïnes un couple de femmes paraguayennes vieillissantes et désargentées. La Bonne Réputation filme Sofia avant la chute. Elle mène encore grand train. La caméra raconte son quotidien soyeux et ouaté.
On n’est pas loin de Roma, ce quartier de Mexico où Alfonso Cuarón se remémore son enfance. Mais à la différence de ce chef d’œuvre – que je n’avais pas aimé mais qui n’en reste pas moins un chef d’œuvre – La Bonne Réputation ne touche jamais. En voulant dépeindre un quotidien glacé, sans âme, sans chaleur, Alejandra Marquez Abella signe un film qui manque désespérément de chair.