Née en 1929 dans le Japon impérial, élevée dans un milieu très conservateur par une mère castratrice, Yayoi Kusama émigre aux États-Unis dans les années cinquante avant de percer sur la scène new-yorkaise malgré le sexisme et le racisme dont elle est victime. Profondément névrosée, l’art est pour elle une catharsis. Sa santé psychiatrique fragile l’oblige à rentrer au Japon au début des années soixante-dix et à être internée à sa demande.
L’humanité s’organise en deux catégories.
D’un côté, ceux qui, comme moi, ignorants mais pas fiers de l’être, ne connaissaient pas Yayoi Kusama avant de regarder ce documentaire ultra-classique dans sa facture. Il leur aura fait découvrir une artiste étonnante et son oeuvre immense.
Et de l’autre, il y a tous ceux, ultra-majoritaires, qui connaissaient déjà Kusama, ses sculptures, ses peintures, ses installations. La nonagénaire est devenue l’artiste contemporaine la plus chère au monde. Ses réalisations sont bluffantes. Entre interviews de l’artiste au regard fou, images d’archives et lents travelings sur ses oeuvres, le documentaire de Heather Lenz se regarde comme on feuillèterait un catalogue.