Dans la touffeur de l’été chinois, à Changsha, la capitale du Hunan, deux inspecteurs de police enquêtent sur un meurtre sordide. Les membres dépecés d’un corps humain font petit à petit surface. Ses bras sont retrouvés dans la rivière Xiang qui baigne la métropole ; ses viscères ont été stockées dans une valise ; sa tête reste introuvable.
Un témoin se manifeste à la police. Li Xue est chirurgienne. Elle dit être la sœur du disparu et recevoir de lui des informations en songe. Elle-même porte un lourd secret : sa fille, qui souffrait d’une affection cardiaque incurable, est morte quelques années plus tôt. Depuis lors, Li Xue entretient une relation adultère avec le chirurgien qui soignait son enfant.
Projeté à Cannes dans la section Un certain regard, Un été à Changsha est un film déroutant. Son pitch et sa première moitié font penser à un polar façon Memories of murder ou Une pluie sans fin. Mais bientôt le scénario bifurque et se désintéresse de la résolution de l’énigme policière pliée en deux coups de cuillère à pot.
Le film devient plus poétique voire élégiaque pour se concentrer sur le personnage de l’inspecteur Bin (interprété par le réalisateur en personne), profondément dépressif depuis le suicide de sa femme, qui trouve avec Li Xue une personne avec qui partager son mal-être.
Si l’on ne s’est pas laissé submerger par l’ennui, on comprendra peut-être que la lumière est au bout du tunnel et que l’inspecteur Bin réussira finalement à reprendre goût à la vie. Mais l’atmosphère neurasthénique dans laquelle baigne cet Été à Changsha risque d’avoir raison même des plus optimistes comme des plus endurants.