Elles sont onze : actrices, réalisatrices, cheffe opératrice, exploitantes, agente artistique. Elles témoignent face caméra sur la place des femmes dans le cinéma français.
À l’heure de #MeToo et du procès Weinstein, le sujet est d’une actualité brûlante. Le documentaire s’ouvre par les images des 82 femmes manifestant à Cannes en 2018 pour la revalorisation de la place des femmes au cinéma. 82, c’était le nombre de films réalisés par des femmes en compétition depuis la création du festival. À comparer aux 1688 films réalisés par des hommes.
Les différences de salaires, le machisme inconscient, la place de la maternité, la dénonciation des clichés sexistes, les quotas, l’absence de rôle pour les quadragénaires, le harcèlement sexuel… toutes les questions sont posées et des réponses, souvent convaincantes, y sont apportées.
Il n’est pas ici question de mettre en cause la légitimité de cette démarche, ô combien nécessaire
Il n’est pas ici question non plus de mettre en doute la lucidité ou la sincérité des onze femmes qui témoignent, sauf à saluer certaines (Aïssa Maïga remarquable d’intelligence et d’humour) plus que d’autres.
Aussi grande soit sa légitimité, Pygmalionnes pêche par la pauvreté de sa mise en scène. Interviewer face caméra onze personnes, fût-ce dans les studios d’Harcourt, et leur poser tour à tour le même jeu de questions, c’est le degré zéro du documentaire.
Il y avait mille façons plus stimulantes de présenter ce sujet là. Avec des images d’archives, de films ou d’actualités. Avec des développements sur les événements qui ont marqué l’empowerment des femmes au cinéma. En laissant aussi la parole aux hommes qui, sans verser dans le mansplaining, ont une parole à exprimer sur ce sujet ainsi que l’a démontré le remarquable essai de Ivan Jablonka Des hommes justes. Dans ce documentaire idéal, les interviews avaient leur place. Mais elles ne devaient pas monopoliser l’espace.