Colin (Anthony Bajon) vient d’avoir dix-huit ans. Il ne supporte plus la mesquinerie de ses parents et rêve de quitter Brest pour aller poursuivre ses études à Paris et y réaliser le rêve de sa vie : l’écriture. Deux êtres le retiennent : sa grand-mère et sa fiancée.
Pourtant Colin franchira le pas. Cinq ans plus tard, il est de retour chez lui et solde ses comptes.
Même s’il est peu à peu éclipsé par une génération de réalisateurs plus jeunes, Philippe Lioret reste l’un des grands noms du cinéma social français. On a tous vu et aimé Welcome en 2009 où Vincent Lindon campait un maître nageur généreux. Philippe Lioret a souvent adapté des écrivains français contemporains : Olivier Adam (Je vais bien, ne t’en fais pas), Emmanuel Carrère (Toutes nos envies), Jean-Paul Dubois (Le Fils de Jean). Son dernier film, produit pour la télévision, est tiré d’un roman de Tanguy Viel, un des auteurs-étendards des Editions de Minuit, qui depuis une vingtaine d’années y publie des romans faussement policiers aux thèmes récurrents : les drames intimes, les secrets de famille, les inégalités sociales…
Aussi ai-je profité de sa diffusion en replay – jusqu’au 25 avril – pour voir ce Paris-Brest sur Arte. J’y étais d’autant plus incité que le rôle titre était confié à un acteur prometteur, Anthony Bajon, nommé cette année et l’année précédente au César du meilleur espoir masculin pour Au nom de la terre et La Prière, deux films que j’avais adorés.
Paris-Brest, un titre trompeur. Car il ne s’agit pas d’un aller-simple mais d’un aller-retour entre deux époques que cinq ans séparent : l’époque où Colin décide de quitter Brest et celle où il revient de paris. Et car la sécheresse du récit et le drame à son mitan n’ont pas la légèreté d’une friandise sucrée.
Malheureusement le résultat est décevant. La construction du récit est certes intelligente qui entrelace les deux temporalités. Mais c’est bien la seule subtilité d’une réalisation sinon bien paresseuse. D’habitude si juste, Philippe Lioret cède à la simplicité, réduisant ses personnages à des caricatures univoques : les parents de Colin sont mesquins, sa grand-mère est généreuse, sa fiancée est égoïste. Il n’est pas jusqu’au personnage de Colin lui-même qui manque d’épaisseur. Quand au « drame » autour duquel l’intrigue se noue, il n’a rien de bien dramatique ni de bien surprenant.