L’humanité se divise en deux catégories. D’un côté ceux qui connaissent les caméras cachées de François Damiens alias François l’embrouille, d’abord diffusées sur RTL, puis sur Canal plus et Internet ; de l’autre ceux qui ne les connaissent pas.
L’humanité se divise en deux autres catégories. D’une part ceux que ces séquences d’humour vache font hurler de rire tant est bluffant le culot de l’humoriste et hilarant les réactions des inconnus qu’il piège. D’autre part ceux que ces saynètes mettent mal à l’aise soit qu’ils n’auraient jamais eu le culot d’un François Damiens soit qu’ils redoutent d’en être un jour la victime innocente.
Après que ses émissions lui ont acquis une certaine notoriété, François Damiens est devenu un acteur de cinéma reconnu. Il a fait ses premières armes dans la comédie, en y interprétant d’abord des seconds rôles (un espion belge abruti dans OSS 117 : le Caire nid d’espions, Monsieur Blédur dans Le Petit Nicolas…) puis en montant en tête d’affiche dans Une pure affaire qui lui vaut le Prix d’Interprétation masculine au Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez. Sa légitimité s’est accrue lorsque François Damiens a endossé des rôles plus graves : il est nominé deux années de suite aux Césars du meilleur acteur pour La Famille Bélier en 2015 et pour Les Cowboys en 2016.
Pour la première fois, François Damiens passe derrière la caméra en 2018 pour signer la réalisation de Mon ket. Il renoue avec ses premiers amours : la caméra cachée. Avec une poignée d’acteurs, pour assurer la continuité du scénario, il en reproduit le dispositif : l’infirmière à laquelle il fait croire qu’il a un téléphone portable coincé dans l’anus, la cliente scandalisée devant laquelle il apprend à son fils de onze ans à crapoter, les beaux-parents scandalisés auxquels il annonce son mariage avec leur fille, sont des anonymes surpris par des caméras invisibles dont on imagine sans peine la sophistication qu’il a fallu pour les dissimuler et le nombre de prises infructueuses avant d’aboutir à l’effet attendu.
Le résultat est inégal. Les parties sont meilleures que le tout. On peine à s’intéresser à l’histoire convenue de cet évadé de prison qui cherche à reconquérir l’affection de son fils. Certaines séquences sont poussives ; d’autres en revanche sont franchement hilarantes. Tout bien considéré, on rit plus franchement en revisionnant les sketches de François l’embrouille qui n’ont pas pris une ride.