Jin est un jeune immigré chinois à Paris. Sans papiers, sans argent, il rembourse sa dette à la triade chinoise qui a payé son visa en conduisant chaque nuit un VTC. C’est là qu’il rencontre Naomi, une stripteaseuse. Naomi veut « décrocher », quitter Paris et le monde de la nuit, s’installer dans le Sud. Jin n’en peut plus du quasi-esclavagisme dans lequel ses employeurs le maintiennent et aimerait se livrer à sa passion : la musique.
Paris, la nuit, constitue à lui seul un genre cinématographique à part entière. On ne compte plus les films, grands ou petits, français ou même étrangers, qui ont exploré cette veine : Les Portes de la nuit de Carné/Prévert, Bob le flambeur, Ascenseur pour l’échafaud, Le Samouraï, Midnight in Paris de Woody Allen, un des cinq sketches de Night on Earth de Jim Jarmusch, Mauvais Sang, Diva, etc. La liste est longue et Frédéric Farrucci qui signe son premier film était bien audacieux de vouloir la rallonger encore.
Mais il a eu une idée de génie : filmer ces immigrés clandestins chinois à Paris qu’on n’avait jamais vus dans le cinéma français sinon dans le très réussi – et très injustement invisible – Les Fleurs amères qui s’attachait aux pas d’une prostituée chinoise de Belleville.
Du coup, il mêle avec bonheur deux registres. D’une part, le film noir avec l’histoire d’amour impossible entre Jin et Naomi dont on pressent qu’elle connaîtra une fin tragique, même si l’ultime plan du film s’ouvre sur un message d’espoir. D’autre part, le quasi-documentaire sur les populations immigrées qui hantent les rues de la capitale « la nuit venue », les Chinois prisonniers de leurs passeurs convertis à l’ubérisation, les Noirs travaillant dans des fourgues clandestins et tous les autres qui s’entassent dans des abris de fortune sous le périphérique. Au surplus, La Nuit venue, dont le héros aspire à redevenir DJ, a soigné sa musique, signée du compositeur électro Rone et sa lumière.