Gaby a dix ans. Il vit une enfance protégée à Bujumbura au Burundi avec Michel, son père, un entrepreneur français expatrié, Yvonne, sa mère, d’origine rwandaise et Ana, sa sœur cadette. Élève de la classe de Mme Economopoulos, il forme avec quatre camarades une bande d’amis indéfectiblement soudés. Mais cet éden enfantin va se fissurer sous le poids des événements extérieurs : le coup d’État d’octobre 1993 qui renverse le président tutsi Melchior Ndadaye et surtout le génocide au Rwanda qui va décimer la famille de Yvonne.
Petit Pays est la fidèle adaptation du best-seller de Gaël Faye, publié en 2016, couvert de prix et désormais au programme dans les collèges. Le film comme le roman entremêlent deux histoires : la petite et la grande.
La petite : la chronique familiale d’un divorce annoncé. La grande : deux pays plongés dans la guerre civile.
Je l’avoue le rouge au front : je n’avais pas aimé le roman de Gaël Faye et n’en avais pas compris l’étonnant succès. J’ai conscience avec cet aveu honteux de me couper de 99 % de mes amis qui, au contraire de moi, ont été sensibles à sa pudeur et à sa force. Tout au plus me gagnerai-je la sympathie de leurs enfants qui se cherchaient un prétexte pour refuser de le lire !
Je lui reprochais un regard éculé – la guerre à regard d’enfant (soupirs) – un scénario trop chargé s’étendant sur un temps trop long et enfin un point de vue qui complique la compréhension à qui ne connaît pas les rebondissements de l’histoire politique burundaise. Dans un genre très similaire, je lui avais préféré Notre-Dame du Nil de Scholastique Mukasonga.
Les critiques que j’adressais au livre, je les adresse à l’identique au film qui en est la sage retranscription. Éric Barbier, qui fut il y a une trentaine d’années un réalisateur français plein d’avenir, est devenu un faiseur sans talent. Après avoir adapté La Promesse de l’aube, avec Charlotte Gainsbourg et Pierre Niney, il se colle à cette adaptation-là. Que fera-t-il ensuite ? Les Fourberies de Scapin ? L’Étranger ?