En 1512, Michel-Ange achève enfin la peinture du plafond de la chapelle Sixtine à laquelle il aura consacré quatre années de sa vie. Le pape Jules II, son mécène, lui a parallèlement demandé de réaliser son tombeau. Mais le pontife, membre de la puissante famille des Della Rovere, meurt l’année suivante avant l’achèvement de cette commande dont Michel-Ange ne pourra livrer que la sculpture du Moïse. Léon X, un Médicis, lui succède, qui exige de Michel-Ange qu’il se consacre à la façade de la basilique San Lorenzo à Florence. Le génial artiste, déchiré entre ses deux familles, part à Carrare à la recherche du meilleur marbre.
Le réalisateur russe Andreï Konchalovsky a quatre-vingt-ans passés. Il a connu tous les régimes, tous les cinémas, s’est marié cinq fois (sa dernière épouse, de trente-six ans sa cadette, fait un caméo dans Michel-Ange) et a eu six enfants. Cet ogre avait co-écrit il y a plus de cinquante ans le scénario d’Andreï Roublev avec Tarkovski. Il s’intéresse à nouveau à un artiste et à ses relations avec le pouvoir.
Le portrait qu’il dresse du sculpteur de Moïse et du peintre de la Chapelle Sixtine est contrasté. Bien entendu, l’homme voue sa vie à son art au point de tout lui sacrifier. Il n’a aucune vie privée – Konchalovsky n’évoque pas l’homosexualité aujourd’hui bien documentée de l’artiste. Mais, à rebours d’une présentation manichéenne qui l’opposerait, dans la pureté de sa création, au machiavélisme de ses mécènes, sa rouerie sinon sa duplicité ne sont pas cachées. S’il est certes la victime de l’affrontement à mort des Della Rovere et des Médicis, il sait lui aussi jouer de cette rivalité et se vendre au plus offrant en trahissant sans vergogne sa parole et en cachant une incroyable avarice derrière des protestations pas toujours convaincantes de frugalité.
Cette duplicité même rend le personnage peu attachant. Et elle le rend aussi paradoxalement assez pauvre. Car, une fois qu’on a compris que Michel-Ange, tel que le décrit Konchalovsky, était à la fois génial et cupide, les scènes censées se dérouler à Rome, à Florence et à Carrare deviennent vite répétitives sans éclairer l’exaltation créatrice du héros ni la puissance de ses réalisations.
Un film puissant, des images bucoliques, un monstre de marbre, un génie faisant partie du trio de la renaissance, un très beau moment
Vous avez raison … mais ces qualités-là ne contrebalancent pas à mes yeux son principal défaut : un scénario qui tourne en rond, sans début, sans milieu, sans fin
J’ai vu ce film hier au cinéma, et je l’ai trouvé à l’inverse de ce que vous écrivez hors des sentiers battus des clichés sur Michel-Ange. « …sans éclairer l’exaltation créatrice du héros ni la puissance de ses réalisations », mais était-ce bien le parti pris de Konchalovsky ? Je ne le pense pas. La complexité d’un Michel-Ange qui n’est pas justement réduite à une dualité création /pouvoir, voilà qui est neuf et sans doute en accord avec la propre démesure du réalisateur.
Vous n’avez pas tort : ce Michel-Ange ne correspond pas à l’image qu’on se fait d’un génie torturé.
J’en ai été frustré ; mais je comprends qu’on ait pu au contraire l’apprécier.