En 1968, Jean Seberg (Kristen Stewart) a trente ans à peine et est déjà une star. La petite fiancée de l’Amérique, née à Marshalltown (Iowa) doit sa renommée à son interprétation de Jeanne d’Arc dans le film de Preminger – durant lequel elle fut gravement brûlée. Avec À bout de souffle de Godard, elle est devenue une icône de la Nouvelle Vague. Elle vit à Paris avec son mari, Romain Gary (Yvan Attal), dont elle a eu un fils.
Jean Seberg est aussi une femme engagée que le combat pour les droits de l’homme dans son pays ne laisse pas insensible. Adhérente au NAACP depuis son plus jeune âge, elle prend fait et cause pour les Black Panthers et leur verse des dons généreux. Ses engagements vont attirer l’attention du FBI qui la place sous surveillance. Harcelée, dénigrée, la jeune actrice va lentement glisser dans la folie.
Seberg n’est pas tout à fait un biopic. Il ne raconte pas toute la vie de Jean Seberg, mais se concentre sur quelques années bien particulières : celles de son engagement au côté des Black Panthers et de sa mise sous surveillance par le FBI.
Ce parti pris appelle plusieurs commentaires. Le premier est un regret : celui d’un choix qui laisse de côté la période la plus intéressante peut-être de la vie de l’actrice, celle des débuts de cette jeune ingénue, encore mineure, de son arrivée en France, de sa rencontre avec le flamboyant Romain Gary (la journaliste Ariane Chemin vient de consacrer un bref livre à leur mariage en catimini en 1962 dans un petit village corse).
Il appelle aussi une critique : les libertés prises avec l’histoire. Seberg a tendance à héroïser l’actrice, la transformant en pasionaria de l’antiracisme. C’est lui faire sans doute trop d’honneur. Seberg, qui était en pleine séparation avec son mari, le trompait éhontément et a eu une liaison avec Hakim Jamal, un lointain cousin de Malcom X, qui la battait et l’extorquait.
Le film est construit autour d’une seule idée : la paranoïa de Jean Seberg ne lui était pas imputable mais avait pour cause la mise sous écoute dont elle fut l’objet. Il voudrait se conclure avec une note positive, en inventant le personnage – totalement fictif – d’un agent du FBI qui, sous le poids du remords, lui dévoile le dispositif policier déployé autour d’elle. La fin de l’histoire, on le sait, est plus triste : Jean Seberg s’est lentement enfoncée dans l’alcool et dans les médicaments jusqu’à se suicider en 1979.
Seberg est une grosse production hollywoodienne portée par l’interprétation de Kristen Stewart. Yvan Attal se sort sans démériter de l’interprétation périlleuse de Romain Gary, dont il copie la barbe et les gilets. Projeté hors compétition à Venise et à Deauville en 2019, Seberg n’est jamais sorti en salles et n’est accessible qu’en VOD.