Alain Delage (Grégoire Colin) est un Français, travaillant pour une compagnie d’audit. Il a été missionné au Haut-Karabakh, cette enclave arménienne en Azerbaïdjan, pour y autoriser la réouverture de l’aéroport international de Stepanakert. Il débarque dans un aéroport fantôme, trop proche de la ligne de cessez-le-feu pour qu’aucun avion ne prenne le risque d’y atterrir, et suscite chez ses hôtes l’immense espoir d’un avis positif qui desserrerait l’étau qui les broie.
Le premier film de Nora Martirosyan, qui sort enfin en salles après bien des rebondissements, veut nous faire toucher du doigt une réalité géopolitique fascinante : celle du Haut-Karabakh, un territoire grand comme deux départements français seulement, dont le tiers de sa population d’à peine 150.000 habitants vit dans sa capitale, Stepanakert. Cette enclave arménienne en Azerbaïdjan est, depuis la chute de l’URSS, un sujet de tension entre Bakou et Erevan. Une première guerre s’y déroula entre 1988 et 1994 aboutissant à un cessez-le-feu fragile. Une seconde éclata l’automne dernier qui se solda par la victoire des forces azéries, avec le soutien de la Turquie, et l’annexion des deux tiers de l’enclave.
C’est ce contexte très lourd que raconte Si le vent tombe. Nora Martirosyan aurait pu choisir la voie du documentaire. Elle lui préfère celle de la fiction. Elle filme un lieu fantomatique : un aéroport sans avions. Son héros est un Français sans passé qui découvre, sans a priori, la situation d’un territoire qu’il n’imaginait pas. Plusieurs Arméniens croisent sa route : le directeur de l’aéroport qui essaie patiemment de lui expliquer le contexte, un jeune porteur d’eau en guenilles qui traîne sur les pistes, un ancien combattant, une jolie journaliste (dont l’idylle cousue de fil blanc avec le héros nous est de justesse épargnée)…
Si le vent tombe nous fait découvrir une réalité géopolitique passionnante et méconnue ; mais l’histoire qu’il raconte, aussi intéressant qu’en soit le pitch, manque trop de chair pour satisfaire les attentes que le résumé de ce film avait suscitées.