Alexandre (Denis Podalydès) est un has been. La cinquantaine bien entamée, les comptes dans le rouge, il élève seul ses deux enfants en bas âge depuis que sa femme, sous-marinière, l’a quitté. Ouvrier typographe, il n’a pas les compétences qu’un marché du travail de plus en plus compétitif, recherche. Sur un malentendu, The Box, une start-up, l’embauche. Mais il est à craindre que le malheureux Alexandre ne résiste pas longtemps aux méthodes managériales ultra-modernes de Aymeric (Yann Frisch), son patron, et de Séverine (Sandrine Kiberlain), sa supérieure hiérarchique. D’autant que la start-up interdit à ses salariés – en flagrante violation du Code du travail – d’avoir des enfants. C’est sans compter sur la rencontre providentielle que fait Alexandre, à la crèche de son cadet, de Arcimboldo (Bruno Podalydès), roi de la débrouille.
J’ai eu la dent dure, la semaine passée avec quelques films auxquels j’ai reproché d’être « vieillots », tournés par des réalisateurs essorés avec des acteurs qu’on a trop vus. Spontanément, sans en rien connaître, c’est typiquement le genre de reproche qu’on pourrait adresser au neuvième film écrit et réalisé par Bruno Podalydès, soixante ans tout rond, qui, comme dans tous les autres, offre à son frère cadet la tête d’affiche et à Michel Vuillermoz et Isabelle Candelier, ses amis de toujours, des rôles secondaires
Un film écrit et réalisé par Denis Podalydès, avec Bruno et Denis Podalydès et Sandrine Kiberlain ?! Quel ennui ! D’ailleurs la foule qui s’est pressée à son avant-première dimanche est grisonnante – pour ceux des spectateurs qui ont encore des cheveux.
Eh bien non !! (en fait si : les spectateurs étaient vraiment aussi vieux que je le dis)
Les 2 Alfred réussit à nous surprendre par une légèreté qu’on n’escomptait pas. Pourtant, le cinéma des frères Podalydès se caractérise précisément par une fantaisie, une légèreté qu’ils parviennent à renouveler de film en film. J’avoue que je l’ai souvent trouvé un peu futile : Bécassine ! ou Comme un avion m’avaient laissé un goût d’inachevé.
Mais Les 2 Alfred m’a transporté au point que j’ai hésité à lui attribuer le graal des quatre étoiles.
J’y ai vu d’abord une critique assez efficace des tics de notre société, de son jeunisme, de ses modes de management faussement cools.
J’y ai souri, souvent, à des situations ironiques qui sans déclencher le fou rire de certaines comédies françaises (je pense au Discours par exemple) fonctionnent par leur intelligence et leur drôlerie.
Et enfin, j’ai été submergé par la bienveillance et la gentillesse de ce cinéma. Le feel-good-movie est un genre qui, souvent, à force de sucreries mielleuses et de situations tire-larmistes, suscite le malaise. On en est loin avec ces 2 Alfred qui, sans l’ombre de la moindre démagogie, réussit tout simplement à nous faire sentir bien. Merci 🙂