1981 : le monde a changé depuis la crise du canal de Suez et la présidence de René Coty. Hubert Bonisseur de la Bath (Jean Dujardin), alias OSS 117, a vieilli. Mais il reste égal à lui-même, toujours aussi irréductiblement encrouté dans son machisme et son racisme d’un autre temps. Son patron du SDECE l’envoie en Afrique noire. Sa mission est double : assurer la réélection tranquille du président Bamba, un dictateur menacé par une rebellion financée en sous-main par l’URSS, et retrouver l’agent OSS 1001 (Pierre Niney) porté disparu depuis plusieurs semaines.
Plus qu’Annette, le nouveau film de Leos Carax, qui ne figure pas au nombre de mes réalisateurs préférés, plus que Kaamelott, le long métrage tiré de la série à succès que je n’avais pas vue, c’est ce troisième volet d’une série entamée en 2006 et 2009 que j’attendais cette année avec le plus d’impatience. Et ce pour deux raisons.
La première est le fou rire d’anthologie qu’avaient suscité les deux premiers films. Un fou rire transgénérationnel partagé avec mes deux garçons qui connaissons par cœur la quasi totalité des dialogues à force d’en avoir vu et revu ensemble les DVD. Ce fou rire naissait du personnage d’OSS 117, parodie revendiquée de James Bond, interprété avec un premier degré bluffant par Jean Dujardin et assumant avec une belle insolence dans une société pourtant de plus en plus policée le « politiquement incorrect ». Avec un flegme indémontable et un charme irrésistible, OSS 117 lançait les propos les plus racistes et les plus sexistes qui soient (« J’ai été réveillé par un homme qui hurlait à la mort du haut de cette tour ! J’ai dû le faire taire. »)
La seconde était le sujet de ce troisième volet : l’Afrique où j’ai travaillé quelques années et les relations franco-africaines que je connais un peu et auxquelles j’ai consacré un livre. Le sujet avait déjà été traité au cinéma sur un mode comique : Les Bronzés (1978), Safari (2009), Le Crocodile du Botswanga (2014), Bienvenue au Gondwana (2017). Mais je me réjouissais d’avance de la façon dont les créateurs d’OSS 117 s’en empareraient.
Ai-je été déçu ? Oui et non.
Moins en tout cas que la critique qui depuis mercredi lui tire dessus à boulets rouges, avec une joie méchante, comme si elle se réjouissait par avance de l’échec d’un film dont la date de sortie avait été programmée pour en faire le succès de l’été, celui que tous les plaisanciers iraient voir pendant leurs vacances.
OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire a certes un défaut : il n’innove guère. Il utilise les recettes éprouvées qui avaient fait le succès des deux premiers opus. Nicolas Bedos – quoi qu’on pense des déclarations publiques plus ou moins malvenues qu’il ait pu faire – se glisse parfaitement dans les pas de Michel Hazanavicius. Il a repris son scénariste et dialoguiste, Jean-François Halin, qui fait mouche (« – Émile – Micheline – Non. Je préfère Émile »).
Son défi n’était pas mince : comment faire du neuf avec du vieux ? Il choisit de le traiter de front en mettant en scène un OSS 117 vieillissant, moins fringant (même dans les scènes de sexe qui frôlent la gauloiserie), limite pathétique dans sa façon de rester coincé dans un machisme passé de mode. Il le confronte à OSS 1001, son double moderne, plus jeune, plus branché, en un mot – que OSS 117 abhorre évidemment – plus « cool ».
Certes on pourra faire la fine bouche et dire que Le Caire Nid d’espions demeure indépassable. Mais ne le savait on pas déjà avant d’entrer en salles ? À quelques très rares exceptions près (Le Parrain, La Guerre des Etoiles…), les suites sont souvent moins bonnes. Il m’est avis que c’est le cas aussi de Fast and Furious 9 que je n’ai pas vu. Acceptons en l’augure et prenons sans mégoter le plaisir que cette suite-là, moins ratée qu’on le dit, nous offre.
La bande-annonce