L’équipe nationale japonaise de volley-ball a enchaîné dans les années soixante un nombre incroyable de victoires. Elle remporta les championnats du monde à Moscou en 1962 face aux Soviétiques, vainqueures des trois éditions précédentes et entourées d’une auréole d’invincibilité. Surtout elles décrochèrent la médaille d’or aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964, des Jeux qui devaient signer le retour du Japon dans le concert des nations. Ses joueuses avaient été surnommées « les sorcières de l’Orient » par un journal soviétique.
Le Français Julien Faraut, responsable de l’iconothèque de l’INSEP, avait déjà utilisé le fonds d’archives de l’Institut du bois de Vincennes pour son premier documentaire consacré à John McEnroe : L’Empire de la perfection. C’est là qu’il a trouvé des enregistrements des entraînements des volleyeuses japonaises et qu’a germé le projet de ce documentaire. Il est allé au Japon à la recherche des survivantes et a filmé leurs témoignages.
En découvrant ces images, Julien Faraut s’est souvenu des mangas japonais des années soixante-dix que les exploits des volleyeuses avaient inspirées. Il a eu l’idée de construire son film à travers ces similitudes en montant ensemble des images d’archives des joueuses et des extraits de ces dessins animés. Le procédé est original sinon inédit. Mais il m’a laissé un sentiment mitigé. Je n’ai pas compris ce que cette mise en parallèle apportait à l’histoire.
Les Sorcières de l’Orient raconte l’entraînement stakhanoviste auquel étaient soumises les joueuses. Réveillées aux aurores, elles partaient travailler en usine le matin et s’entraînaient l’après-midi jusque tard dans la nuit. Un homme dirigeait les entraînements et leur imposait une discipline de fer qui passerait aujourd’hui pour du harcèlement moral et physique. Certaines images sont d’ailleurs particulièrement frappantes. Mais les joueuses, qui sont aujourd’hui d’élégantes retraitées, sont unanimes à considérer que cette ascèse fut la clé de leur réussite, à oublier leurs souffrances et à ne retenir que la joie et la fierté de leurs victoires.
Le volley-ball est-il moins télégénique que le tennis ? Peut-être. Toujours est-il que j’ai trouvé les images des matchs de la sélection japonaise médiocrement enthousiasmants. Et la façon de les monter moins prenante que celle qu’avait eue Julien Faraut dans son précédent documentaire de nous faire vibrer sur les jeux décisifs livrés par McEnroe.