Eugénie Grandet ★☆☆☆

Charles Grandet (Olivier Gourmet) est tonnelier à Saumur sous la Restauration. Son sens des affaires l’a conduit à amasser une fortune immense qui fait de sa fille, Eugénie (Joséphine Japy), le meilleur parti de la ville. Mais sa maladive avarice condamne sa famille à une vie austère et grise. Eugénie rêve de s’en échapper. L’arrivée de son cousin parisien, Charles Grandet, dont le père, acculé à la faillite, va bientôt se suicider, ouvre à la jeune fille de nouveaux horizons.

Comme tout le monde (ou presque), j’ai lu Eugénie Grandet au collège. Et comme tout le monde (ou presque), j’ai gardé un mauvais souvenir de cette lecture. Mauvais souvenir = j’avais été beaucoup moins transporté par Balzac que par Zola ou Stendhal. Mauvais souvenir = à cinquante ans passés, j’ai complètement oublié cette lecture.

Faut-il remercier Marc Dugain – l’auteur de romans à succès qui, après L’Echange des princesses, tourne sa deuxième adaptation en costumes – d’avoir revisité cette œuvre panthéonisée et, disons-le, un peu poussiéreuse ? On se le demande.

On voit mal en effet son objectif, si ce n’est bien sûr d’attirer tous les collégiens – et tous leurs parents anxieux – qui, à la veille de la remise de la note de lecture d’un livre qu’ils n’auront qu’à moitié lu, le visionneront à la hâte pour bâcler leur devoir. A-t-il entendu trouver à ce roman vieux de près de deux siècles une nouvelle modernité ? On pourrait le penser, à son épilogue qui s’éloigne de celui du roman. Très politiquement correct, Marc Dugain ne se contente pas de transformer Charles en horrible négrier (alors que, dans le roman, il était envoyé aux Indes, il s’enrichit dans le film dans le commerce triangulaire qui était pourtant à l’époque en plein déclin), il fait d’Eugénie une égérie féministe. C’est prendre beaucoup de liberté avec le personnage.

Certes, Eugénie Grandet est joué par un Olivier Gourmet toujours parfait, une Joséphine Japy qui y met toute la grâce virginale nécessaire et une Valérie Bonneton qui prend un plaisir masochiste à se sacrifier. Certes aussi, le film est remarquablement éclairé, offrant quelques uns des plus beaux plans du cinéma – comme s’y était déjà essayé avant lui Délicieux. Pour autant ces qualités ne sauvent pas Eugénie Grandet de l’académisme un peu appliqué qui le menaçait et dont il n’arrive pas à s’extraire.

La bande-annonce

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